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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Si je reste (If I Stay)
USA / 2014
17.09.2014
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CORDES SENSIBLES
«- La culpabilité et la corruption font le ciment de la relation parents enfants depuis des générations ».
Une violoncelliste fan de Beethoven et un guitariste de rock : la Love Story de Si je reste est aussi belle que naïve, mélo que fade. Ce n’est pas la faute de Chloë Grace Moretz, gracieuse et ultra-sensible, sachant jouer sa différence dans une « famille » baba cool et rock alternative.
Si je reste commence avec deux promesses : un accident qui fait basculer le film dans une tragédie et un suspens pour savoir qui en sortira vivant. Hélas, le film s’embourbe dans une narration composée de flash-backs interminables qui dissipe toute tension. Cette chronique d’une adolescente confrontée à un dilemme entre le grand amour et une carrière de musicienne n’est pas assez intéressante pour nous donner envie de connaître la fin, optimiste ou fatale.
Le manque d’originalité de l’histoire d’amour, la prédominance du stéréotype des personnages sur leur incarnation rendent cette vie heureuse passée peu dramatique, au sens théâtral du terme, et peu romantique, au sens littéraire. Tout paraît simpliste. Le film ne fonctionne jamais. Ainsi, pendant que le personnage de Grace Moretz est dans le coma, son « fantôme » hante l’hôpital, sans jamais pouvoir interagir avec les vivants. Le personnage devient simple spectatrice d’un conte de fée surnaturel. Mais cet artifice n’apporte rien et, rapidement, la construction du récit semble de plus en plus factice.
De ses parents à son amoureux, tous paraissent idéalisés. Le film souffre d’être trop lisse. Sans ce grain qui donnerait un peu de réalisme, sans cette noirceur qui produirait un peu de contraste, Si je reste apparaît comme une œuvre quelconque où les déclarations d’amour ont été inspirées par les romans de gare. Paradoxalement, c’est quand le personnage principal est allongé sur son lit d’hôpital, dans le coma, que le film retrouve du rythme et un peu d’intérêt.
Et sinon, le spectateur reste immobile dans son fauteuil, se demandant s’il doit rester lui aussi. Et, on doit l’avouer : il faut rester. Il faut subir les larmes du grand père, les embrouilles avec son petit-ami, son audition pour Julliard, le dimanche soir au coin du feu où violoncelle et guitare s’accordent parfaitement pour le plus grand bonheur de tous. Il faut rester pour les cinq dernières secondes. Un écran blanc. Des yeux. Un mot. Un écran noir. Si seulement tout le film avait osé de telles ellipses…
vincy
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