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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Je règle mon pas sur le pas de mon père
France / 1999
14.04.99
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ESCROC, PERE ET FILS
"- Tout le monde croît au Père Noël, même toi, même moi... "
Le film démarre sur le parking d'un centre commercial en banlieue parisienne avec un Jean Yanne essayant de "revendre" des blousons: "J'arrive du salon du cuir à la Porte de Versailles et je vais à Milan. J'ai un blouson, c'est du boeuf d'Ethiopie...". D'emblée, on découvre que Bertrand (Jean Yanne) est un petit escroc sans envergure, mais qui semble s'en satisfaire. Là-dessus arrive Sauveur (Guillaume Canet) qui passe un coup de téléphone à celui qui semble être son père, aux dires de sa mère. Affirmation contredite immédiatement par Bertrand. Du coup, Sauveur rencontre en personne son père sans lui dévoiler son identité. Pour cela, il se fait revendre un des blousons de Bertrand. Et Sauveur met du sucre dans le moteur de la voiture de son père. Peu importe pour Bertrand, il brûle sa voiture: Je suis assuré vol et incendie. Du coup, ils font la route ensemble et décident de faire équipe.
A partir de là, Rémi Waterhouse nous entraîne dans un road-movie avec un fils qui cherche à mieux connaître son père. D'ailleurs, il se rend très vite compte que Bertrand est un enfoiré. Et Jean Yanne excelle, comme à son habitude, dans ce type de rôle. Malgré cela, ils montent une magouille en duo. Car Bertrand fait comprendre à Sauveur que tout le monde triche. Il n'y a donc pas de mal à arnaquer les gens tant qu'il n'y a pas mort d'homme. Selon Bertrand, la plupart des escroqueries sont souvent basées sur le fait qu'on fait croire qu'on va donner quelque chose aux gens.
Mais pour le personnage de Jean Yanne, on ne sait pas vraiment s'il déconne ou s'il est sérieux. D'autre part, il s'impose de lui-même: il arrive quasiment à humaniser les crapules. Mais il reste un personnage toujours décevant pour son fils. En outre, il a une attitude infantilisante à l'égard de Sauveur. Il semble que cette paternité soit pour lui assez dramatique.
Quant à Laurence Côte, sa présence se révèle nécessaire car son personnage joue un rôle clé dans la magouille de l'équipe "Arnaqueurs père & fils". Sandra est un personnage qui possède autant de mystère que de gaieté. Le fait qu'elle boite (blessure physique) l'isole un peu. C'est un personnage réellement ambigu.
Tous ces personnages évoluent dans un paysage urbain, ce qui tend à accentuer qu'aucun d'entre eux ne possèdent de vraies racines. On passe devant des centres commerciaux , "le pays où la vie est moins chère", des fausses statues... Les vraies valeurs semblent ne pas exister dans cette histoire, comme l'amitié, l'amour, la confiance, le respect. Pour Bertrand, le respect c'est une notion d'impuissant.
Cette satyre de notre société contemporaine sonne juste, car elle trouve une résonnance en chacun de nous. La gouaille, la spontanéité et la désinvolture apparente de Yanne, la candeur, l'esprit fonceur et généreux de Canet, la gaieté et l'ambiguïté de Côte, tout cela concoure à rendre crédible cette histoire drôle, tendre, et dramatique. Evidemment ce n'est pas la mise en scène qui est louable, mais l'admirable scénario, les dialogues excellents et une direction d'acteur parfaite. chris
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