|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
I Origins
USA / 2014
24.09.2014
|
|
|
|
|
|
TU AS DE BEAUX YEUX, TU SAIS
Romance sous fond d’ésotérisme et de réincarnation qui met en couple la science et le spirituel, I Origins est un conte merveilleusement décalé et déroutant. Ian est un scientifique aux idées fixes, Sofi est une jolie jeune fille qui vit au jour le jour et prône le spirituel ainsi que l'ouverture d'esprit. Ces deux contraires vont s'attirer, s'aimer à en perdre haleine et prouver que la science et l'amour vont de pair.
Auteur aux thématiques bien à lui, Mike Cahill (Another Earth) affirme une réflexion sur l'homme et son identité dans cette fresque irréelle. EYE Origins/I Origins, le jeu de mot qui retrace à la perfection la théorie du film: l'identité est dans le regard. Pour faire cela, le réalisateur met en scène trois acteurs incandescents: le trop rare Michael Pitt, scientifique passionné par son travail, Astrid-Bergès Frisbey sublime en brune juvénile et spirituelle, et enfin son amie de toujours Britt Marling blonde froide, terre à terre et érudite. L'opposition entre la religion et la science, la croyance et les faits est révélée par ce trio enflammé d'où fusent toutes les hypothèses révélant leurs différences avant que la synthèse ne l'emporte.
De l'iris comme preuve de la non-existence de Dieu, on en sort que le regard est vraiment le miroir de l'âme. Mais le doute persiste. Des yeux divins peuvent troubler. On le sait depuis que la peinture, la photographie puis le cinéma l'ont magnifié avec leurs jeux de lumières. Cette science-fiction réaliste est avant tout poétique. Mais aussi un peu métaphysique. Rare sont les films qui posent un oeil aussi juste sur la Science. A défaut de lévitation, la méditation n'est pas loin.
Images éthérées, effervescence jusqu'à la dernière minute, Mike Cahill signe un film magique et envoûtant qui soulève bien des questions humaines à notre petit cerveau. Tout l'inverse de Lucy de Luc Besson, qui prétendait pourtant traité de l'hyper-intelligence. Sous forme de thriller conceptuel, le cinéaste exige que le spectateur soit attentif et s'immerge profondément dans cette ambition cinématographique qui, pourtant, reste divertissante. Car derrière tous les thèmes abordés - de la réincarnation à la biologie moléculaire - le film revêt aussi plusieurs genres : du thriller au romantisme, de la fugue globe-trotteuse au drame psychologique. Un mix qui parfois frôle la sortie de route artistiquement (surdose de son, musique), toujours rattrapé par le montage.
Mais cela donne aussi un sentiment de liberté, où les protagonistes seraient des fugitifs poursuivis par une horrible réalité. Le résultat est un plaisir pour la rétine, à voir les yeux grands ouverts! cynthia
|
|
|