Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Bodybuilder


France / 2014

01.10.2014
 



LE CULTE DU CORPS





Lorsque nos yeux se posent sur l'affiche du dernier film de Roschdy Zem, on se dit qu'il est question (comme son titre) de bodybuilding. Pourtant ce n'est pas que ça. Zem a toujours aimé gratter les apparences, le vernis pour essayer de découvrir la vérité de ses personnages. Ici, il n'est pas uniquement question de concours de muscles huileux sur un podium, mais avant tout d'une relation (pudique) père/fils compliquée où la différence règne en maître.

Vincent (Yolin François Gauvin) quinquagénaire bodybuildé prépare un énième concours de bodybuilding dans la catégorie senior. Entre pilules, fortifiants, blancs de poulet, omelettes et gonflette, il voit réapparaître son fils, Antoine (Vincent Rottiers), petit escroc de 20 ans, un peu perdu dans la vie. Ce dernier se voit confier à son père qu'il n'a pas revu depuis ses 5 ans, par son frère aîné (Nicolas Duvauchelle) afin de fuir les voyous qui menace sa peau, pas vraiment musclée. Par égoïsme autant que par égocentrisme, le père a sacrifié ses progénitures sur l'autel de son corps. Ce corps qui, comme il est bien décrit dans le film, n'est là que pour se plaire. Même lors de ses ébats sexuels avec sa "petite-amie" Léa (Marina Foïs), il préfère fixer du regard sa musculature pour atteindre l'orgasme, au lieu de regarder les yeux de sa dulcinée. Narcissisme extrême. Il n'y a que le sport et son régime hyperproteiné qui occupe sa vie à l'emploi du temps plus que chargé. Mais très vite, Antoine va s'imposer dans sa vie comme un bourrelet sur une hanche. Et tel un miroir défectueux, ces deux inconnus vont se compléter dans leur défauts (le shit et le vol pour Antoine, les médocs et l'égoïsme pour Vincent).

Entre drame, humour, tolérance et persévérance, Bodybuilder est une jolie surprise. On en sort émerveillé. Lors de la présentation du film Roschdy Zem a confié avec humour aux spectateurs et aux journalistes présents: "parlez du film autour de vous si vous avez aimez et si vous n'avez pas aimez dites que vous ne l'avez pas vu".

Incontestablement, la force du film provient d'un choix : celui de confier le rôle d'un culturiste à un culturiste, et non pas à un comédien qui aurait du passer des heures en salle de gym. Le duo Yolin/Vincent est explosif et transcendant. Yolin brille avec sa prestation du papa froid et en souffrance intérieur. Une présence magistrale. Impressionnant et imposant, Yolin François Gauvin est grand un monsieur muscle au regard de peluche toute douce. Vincent Rottiers fait face avec un jeu exceptionnel et un naturel déroutant. Vu dernièrement dans le film La Marche de Nabil Ben Yadir, ce jeune homme au visage d'ange et au regard de braise ne manque pas de charisme.

Comme le corps qui peut s'hypertrophier, le cinéaste démontre que l'amour n'a pas de limites. Pourtant le temps passe, le corps expose ses faiblesses, son vieillissement et l'amour est vulnérable.

Mélodrame familial classique, assez prévisible, en fait un film conventionnel. Pourtant, si l'on enlève l'huile de la surface de la peau, Bodybuilder fascine bien plus qu'on ne pouvait le croire. La confrontation entre un bodybuilder, archétype de l'homme de foire programmé pour s'exhiber autant que pour attirer le regard, et une pléiade de bons comédiens, donnent des scènes quasiment documentaires sur le lien entre deux espèces spécialisées dans la représentation de soi. Et c'est là que l'élément féminin étincelle. Marina Foïs, l'une des plus belles tragédiennes du cinéma français actuel, porte un tel désespoir en elle que l'on comprend à quel point l'obsession de son homme l'a détruite. La passion dévastatrice que l'on devine à travers tout le film trouve là sa meilleure illustration.
 
cynthia

 
 
 
 

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