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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Je reste!
France / 2003
01.10.03
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10 ANS DE MARIAGE
"- J’veux qu’on soigne ma couille !
- C’est pas grave, c’est une couille fugueuse."
Jusqu’aux quinze dernières minutes du film, nous aussi avions envie de rester. Pour voir la fin de Florence Quentin, pessimiste, radicale, percutante, il faudra se refaire le film dans la tête. Pour se gâcher le plaisir, il suffit de constater le carnage prévu par Diane Kurys. Ce n’est pas la première fois qu’une fin est ratée au cinéma. On l’a vu récemment avec des cinéastes aussi différents et talentueux que Bruno Dumont, François Ozon, Bertrand Blier ou Mathieu Kassovitz.
Et à chaque fois, on le regrette. Kurys et Quentin avaient fait le choix pertinent de faire un film délicieusement féministe, un peu méchant pour les hommes, évidemment dans l’air du temps. Un brin caricatural, certes, mais quelle comédie ne l’est pas ? Dans un Paris chic et snob, libéral et friqué, Kurys pose son regard acidulé et amer sur les petits bonheurs et les douleurs intérieures. Elle a ce don de savoir observer des couples contemporains qui se déchirent si bien. La remise en question provient de la femme, dans ce film-là, et le jeu sera mené par le bout du nez par elle. C’est là toute l’énergie et la beauté du film : son actrice. Sophie Marceau, qui s’embellit avec l’âge, est une comédienne complètement en phase avec le rythme d’une comédie. En rêveuse romantique, très maternelle, elle joue parfaitement son rôle de femme délaissée, d’épouse déterminée et de maîtresse séductrice.
Par ses répliques, ses scènes punch, et sa morale (la spontanéité, l’absence de routine, l’amour contre le calcul, le confort et le mensonge), on retrouve de la plume de Florence Quentin. Elle s’autorise même à faire répéter plusieurs fois un J’ai faim parfois inutile et citant le titre du premier film de réalisatrice de la scénariste de Chatilliez. Quentin a dessiné un beau tempérament qui passe de la voiture-balai à 20 kilomètres heure à la Porsche d’un créateur de start-up. Aussi, sa fin séparationniste semblait logique. Les hommes ont moins le beau rôle. Ils ne méritaient absolument pas une telle perle. Mais voilà, d’où le titre du film, comme le dit Vincent Pérez "t’as beau me dire toutes ces horreurs, je reste."
Ironiquement, le couple de Fanfan, comédie romantique, candide et un brin Harlequin, se reforme sous nos yeux, dix ans après. Je reste apparaîtrait presque comme une suite un peu plus cynique, moins idéaliste. Quoique. Les amours imaginés par Alexandre Jardin se prolongent ainsi avec Florence Quentin, et aboutissent à un constat d’échec, où le quotidien détruit la flamme et ne laisse que des cendres. Et si Bourdon, avec 7 ans de Mariage, réalisait l’exploit de retrouver cette flamme dans son couple, avec un scénario bien meilleur d’ailleurs, Kurys se mélange les bobines et nous emmêle les idées. D’un vaudeville relativement classique nous passons à un film-tendance où le scénario du film prend vie avec un personnage (cf La couleur du mensonge, Les Heures, American Splendor...) pour finir dans une farce surréaliste à la Blier. Mais jamais, nous ne croyons à la rédemption du couple, au pardon de la femme. Aussi la finalité du film nous laissera longtemps perplexe. Ratée, cette séquence finale rend Je Reste incompréhensible, irrationnel, froid et distant.
Pérez et Berling ont beau être touchants dans leur carcasse de crabe mou, ils n’en demeurent pas moins nuls, égoïstes, injustes, opportunistes. Le dernier quart d’heure est trop contradictoire pour rendre l’ensemble cohérent. Marceau clame d’ailleurs "Vous n’allez pas me faire un Happy End !" Bah si, justement. C’est là qu’il faut fuir de la salle. Car cet ultime délire - Kurys ne savait pas finir son film ou ne voulait-elle pas une fin trop sombre - totalement niais et conservateur donne à croire que Kurys n’est plus en phase avec une génération qui n’est plus la sienne... vincy
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