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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Lilting ou la délicatesse (Lilting)
/ 2014
15.10.2014
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LES SENTIMENTS
«- T’aurais eu qu’un seul téton poilu, ça aurait fait bizarre. »
Lilting ou la délicatesse porte bien son titre. Tout y est délicat, à fleur de peau. La finesse des personnages, dessinée autant par leurs non-dits que par l’émotion qui les emprisonne, amène le film à être presque poignant.
Une histoire simple. La douleur du deuil : le beau et jeune Kai est mort. Il laisse derrière lui ses deux êtres les plus chers, incompatibles. Sa vieille mère chinoise, enfermée dans sa culture, sa langue, refusant de s’ouvrir ou de comprendre ou de s’adapter aux situations qui l’entourent. Son amant (Ben Whishaw, mêlant harmonieusement la joie passée et la souffrance présente), qui cherche à construire post-mortem une passerelle entre le fantôme de Kai et sa mère.
Entre ces deux êtres que tout sépare, et que seule l‘absence de l’être aimé réunit, il y a une traductrice, alliant les deux cultures, parlant les deux langues. La médiatrice, la témoin. Progressivement, ces deux solitaires vont chercher à appréhender une sérénité, une déculpabilisation. Il faut que la vérité éclate, doucement, et que la réconciliation se fasse, sans bruit. Lilting est un poème rendant hommage à celui qui n’existe que dans la tête des survivants. C’est aussi une ode au dialogue. Parfois ponctué de larmes, coupé par la traduction, ralenti par les souvenirs qui occupent l’esprit, interrompu par les images qui hantent, ce dialogue, qui doit mener à une catharsis apaisante, est le pilier fondamental de la sagesse. Et du film.
La subtilité du jeu, la mise en scène pudique et l’enchaînement de scènes aussi sobres qu’élégantes forment alors un ensemble moins fragile qu’il n’en a l’air. Les personnages sont solides, prêts à évacuer leurs tourments, à affronter l’avenir même si c’est un long hiver, et à achever le destin du défunt. Un coming-out jamais annoncé, qui a empêché le beau-fils et la mère de se rapprocher. Mais avec la générosité du jeune veuf et l’envie de la vieille mère de ne pas oublier son fils, tout ce qui les séparait va peut-être pouvoir les unir.
On se laisse séduire facilement dans cette tragédie vaporeuse. Jamais sentimentaliste, car sincère dans les sentiments qu’il dégage, le film n’a pas besoin de chaos ou de colères pour montrer à quel point l’être humain est capable de surmonter ses plus grandes blessures : les sens – le toucher d’une peau, le goût d’un met, l’odeur d’un parfum, l’écoute des mots et les regards – suffisent parfois à panser les afflictions les plus extrêmes.
vincy
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