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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Felicidad (El misterio de la felicidad)
/ 2014
29.10.2014
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L'HOMME QUI DISPARAÎT DE SA VIE
Avec son nouveau film El Misterio de la Felicidad, Daniel Burman nous présente une comédie sur son thème favori, la famille, et en particulier les personnes que l’on choisit d’aimer et les liens indicibles d’une amitié à travers le temps. Ici deux bons amis travaillent ensemble et font tout ensemble : le même bureau, la même voiture, presque les mêmes secrets… Une amitié fusionnelle qui fait de ces deux hommes presque deux frères jumeaux, un duo d’amis aux liens très solides mais pas tout à fait à toute épreuve. Quand un beau jour l’un des deux disparaît sans ne plus jamais revenir alors évidement, c’est tout un monde de routines qui est perturbé pour l’autre. C’est alors que l'ami qui reste et l’épouse abandonnée doivent se rapprocher pour découvrir la part d’ombre qu’ils ignoraient chez celui qui est parti.
Le film commence sur le ton de la joyeuse fantaisie. Sous forme de gags, la vie de ces deux compères qui ont des habitudes identiques et même symétriques se reflètent comme dans un miroir. A partir du mystère de la disparition d'une moitié, et pour essayer de trouver des indices l’épouse de Eugénio s’attache à suivre l’ombre de son mari parti. Elle s’installe dans leur magasin et veut découvrir tout les lieux où il pouvait aller sans elle. Elle va découvrir au fur et à mesure ses petits secrets tandis que lui va comprendre les aspirations de son ami. Burman dessine en creux un personnage absent, et révèle surtout qu'on ne connaît jamais si bien les gens.
Cette quête de celui qui est absent se transforme en une enquête sur son passé pour comprendre sa brusque disparition. Leur quotidien était plutôt agréable mais un peu en décalage avec leurs rêves de jeunesse... Le comédien Guillermo Francella avec son visage de gentil candide et Inés Estévez avec sa folie douce forment un duo improbable et irrésistible. Le film se déploie en un itinéraire autant sentimental que géographique pour revenir sur les traces de l’ami/du mari perdu.
Le scénario s’amuse avec la notion de fidélité en amour et en amitié pour s’interroger sur ce que représente le bonheur. Il s'agit bien du sentiment de trahison. Mais aussi une critique souterraine du schéma bourgeois, inadapté aux aléas de la vie. Finalement, le film s'attache à nous montrer que nous vivons dans l'illusion, celle de notre héritage, comme celle de nos liens "réels". La comédie est un peu amère.
Et le réalisateur Daniel Burman parvient à nous embarquer dans un voyage émotionnel avec une drôle de légèreté qui reste comme une invitation à se rapprocher aussi de cette sensation de félicité.
Kristofy
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