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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Marie Heurtin
France / 2014
12.11.2014
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UNE EDUCATION
"Nos vies entières sont des révoltes."
Marie Heurtin, jeune fille sourde et aveugle, est une Helen Keller française, dont le destin particulier ne pouvait que séduire Jean-Pierre Améris, grand amateur d'êtres blessés qui se mettent, volontairement ou non, en retrait de la société. Et c'est vrai que l'on est touché par l'histoire édifiante de la jeune femme, élevée comme une sauvageonne durant la première parie de sa vie, et qui apprit la langue des signes ainsi que le braille, avant de l'enseigner à son tour.
Mais plus que Marie elle-même, c'est très clairement celle qui l'a aidée, la religieuse Sœur Marguerite, qui est au cœur du film. Incarnée avec une bonne dose d'humour par Isabelle Carré, elle apporte ce qu'il faut de candeur et de légèreté à un scénario qui a du mal à ne pas osciller entre académisme et bons sentiments : récit linéaire, rebondissements attendus, émotion un peu forcée... Quelques séquences s'avèrent malgré tout pleines de fantaisie (lorsque la religieuse promène son élève dans une brouette), voire de poésie (la rencontre des deux femmes au sommet d'un arbre). Les scènes de corps à corps (quand Marguerite essaie de coiffer Marie, par exemple), filmées au plus près, apportent également au film une dimension étonnamment physique, ancrée dans une réalité faite d'efforts et de douleurs.
Fort de son savoir-faire habituel, le cinéaste assure ainsi sur tous les fronts : mise en scène soignée, image léchée, scénario
efficace... Mais peut-être est-ce justement là que le bas blesse : à trop vouloir être efficace, le film finit par être trop lisse, trop pensé pour fonctionner de manière presque mécanique. On ne peut remettre en cause la sincérité de Jean-Pierre Améris, qui essaie de rendre l'hommage le plus juste à ses deux héroïnes, mais force est de constater que cette sincérité est au service d'une œuvre mineure, peu originale, et parfois même lénifiante. Sans réelle surprise, les différents rebondissements conduisent à un happy end de circonstance qui balaye d'un trait toutes les difficultés rencontrées. Même le sacrifice de la religieuse s'efface devant la renaissance symbolique de sa protégée. Reste un film qui ne peut censément pas offrir plus que ce qu'il est : une jolie histoire sans la moindre prétention.
MpM
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