Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Tiens-toi droite


France / 2014

26.11.2014
 



UN PEU GAUCHE





«- On va pas la virer parce qu’elle a fait l’amour en disant des mots kanaks. »

La nouvelle comédie de Katia Lewkowicz n’est pas interdite aux hommes même si elle se focalise sur trois femmes aux destins incertains. Trois et même plus si l’on ajoute, les assistantes, les ouvrières, l’employée de maison, les enfants (toutes de sexe féminin). Les hommes, ici, sont dépassés. Un compagnon se mue en toutou, un amant souffre de malaises, un mari devient un fantôme en son foyer. Et n’oublions pas ceux qui disparaissent au travail (remplacés par des femmes), qui répondent aux abonnés absents ou qui ne savent pas décider sans demander l’avis de leur consoeur. Ils sont finalement spectateurs de l’évolution de leurs femmes.

Tiens-toi droite célèbre la femme, ses beautés diverses. Une quête utopique de la femme parfaite. Miss beauté, mère « pondeuse » , patronne instinctive. Mais la femme parfaite n’existe pas. Elle est la somme de toutes ces femmes, prêtes à se crêper le chignon (question de génération) ou à jouer au basket (toutes unies toutes ensembles). Tous les goûts sont dans la nature : on peut aimer la beauté « plastique » de l’une, la tendresse maternelle de l’autre ou l’intelligence émancipatrice de la troisième. Ce qui fait leur beauté c’est incontestablement la liberté qu’elles gagnent à travers chaque étape de ce récit, les territoires qu’elles conquièrent avec autorité, séduction et détermination.

Comme la femme idéale n’existe pas, il faut bien imposer un modèle. Une imposture. C’est la bonne idée métaphorique du film, le fil conducteur malin : concevoir la « Barbie » qui fera rêver toutes les filles. Les adultes ont un autre regard : elles veulent une poupée toutes options, une « Barbie » avec une cicatrice de césarienne, polyglotte, capable d’assumer des formes qui flanchent…

Volontairement, la réalisatrice a rejeté toute forme de psychologie ou de rationalisation. Les trois femmes ne savent pas où elles vont, s’égarent parfois : le film suit leurs errances. Entre obsessions et abandons. Une névrosée, une fatiguée, une stressée.

Malheureusement, Laura Smet semble un peu trop âgée pour être Miss et Marina Foïs (qu’on adore par ailleurs) s’enferme dans un personnage caricatural de sa filmographie. Hagarde, Noémie Lvovsky les surclasse avec un rôle matriarcal sublime, auquel elle donne une teinte à la fois réaliste et poétique.

Il manque sans doute un peu de consistance. Lewkowicz a construit son film sur un simple postulat : trois femmes qui ne se sentent pas compétentes, qui ne se croient pas à leur place. Mais l’enjeu se dilue au fil des scénettes. Car, à vouloir aborder trop de thèmes et trop de facettes, la cinéaste compose un puzzle fragmenté qui ne peut conduire qu’à la frustration, renforcée par un final un peu abrupt.

Ces maladresses, sans doute liées à la volonté très « nouveau roman » du film, sont d’autant plus regrettables que la réalisatrice a du talent pour créer des scènes désopilantes. Et notamment celle où la Miss beauté se fait engueuler par sa servante chinoise.
 
vincy

 
 
 
 

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