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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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A la vie
France / 2014
26.11.2014
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DRÔLES DE DAMES
À la vie. Un titre qui claque comme un manifeste, ultime victoire de trois femmes qui ont connu l'horreur des camps et en sont revenues pour vivre leur vie à pleins poumons. Ce qui est indéniablement beau et touchant dans le nouveau film de Jean-Jacques Zilbermann, c'est la matière intime dont il a nourri son scénario. L'émotion qui le submerge lorsqu'il évoque ses trois héroïnes, inspirées de sa mère et de ses deux amies de camp, est présente à chaque scène à travers le regard bienveillant de la caméra posé sur les protagonistes. Ce regard qui capte, attentif, les indices d'un passé qui prend toute la place. Un sachet de thé qu'on réutilise inlassablement, des glaces qu'on mange en regardant la mer, des valises littéralement trop remplies...
On sent pour le réalisateur l'importance de ces nombreux détails, qui convoquent visiblement pour lui toute une foule de souvenirs. Mais pour le spectateur, cela crée un ensemble balisé, presque formaté, qui donne une vision artificielle de l'intrigue. Jean-Jacques Zilbermann recrée une ambiance qu'il a connue et qui lui est chère, mais sans parvenir à nous associer aux émotions qu'elle représente pour lui. Ses personnages donnent le sentiment de n'avoir rien à se dire. Tout semble faussement anecdotique, comme délibérément vidé de toute profondeur. À trop vouloir prendre le contrepied de son sujet (une comédie sur la Shoah), le cinéaste le vide de toute substance. Pire, il évacue trop rapidement tout ce qui touche au passé commun (le traumatisme de Rose, notamment) pour se concentrer sur une banale histoire d'adultère à laquelle on ne croit pas.
C'est dommage, car on aurait envie d'être touché par la vitalité des héroïnes, tantôt pudiques sur leur passé et extravagante face au présent. Peut-être cela tient-il également au trio d'actrices qui paraît ne jamais fonctionner : Suzanne Clément en fait des tonnes, Julie Depardieu arrondit les angles, Johanna ter Steege s'enferme dans un stéréotype d'intellectuelle féministe. Entre elles, on ne ressent pas de réelle cohésion ni de complicité.
Sur le fond, on est bien sûr séduit par le propos du film, chronique intime qui mêle la petite histoire à la grande et prouve qu'après Auschwitz, on a encore le droit de rire. Mais formellement, on est d'autant plus déçu par l'inconsistance du scénario qui empêche toute véritable adhésion. MpM
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