Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La French


France / 2014

03.12.2014
 



LE JUGE FAILLIBLE

Le livre Bye Bye Bahia



On ne parlera pas de French Connection, chef d’œuvre du genre de William Friedkin. Ce serait trop offensant pour La French. Pourtant le film a tout emprunté au cinéma américain. De la reconstitution du Marseille des seventies à l’efficacité du thriller, en passant par le casting de vedettes. C’est divertissant et violent, authentiquement factice (oxymore) ou faussement authentique, bref un film de genre efficace qui atteint rapidement ses limites au fur et à mesure du récit. A la manière d’un Gibraltar ou d’un Möbius, il y a quelques mois.

On comprend cependant l’intérêt de Jean Dujardin pour incarner le rôle du juge Pierre Michel, croisement entre Le Juge Fayard (Dewaere) et Le professionnel (Belmondo). D’ailleurs La French se calque sur les films de cette époque, pas loin de Jacques Deray, d’Yves boisset et d’Alain Corneau. En plus élégant. En trop élégant peut-être. Trop influencé par les Scorsese, Scott et autres Russell pour l’image, le ton, le style.

On comprend aussi le choix du complice Gilles Lellouche. Complice de Dujardin, notamment dans Les infidèles, amis hors des plateaux, il apparaît parfaitement comme sa face sombre, brutale, binaire. Leur dualité est cinématographiquement ce qu’il y a de plus passionnant dans le film. Un couple de cinéma où l’un est le héros, sacrifié, l’autre le salaud. Dommage alors de s’embarrasser de psychologie justificative assez toc. De faire des références trop appuyées aux séries américaines. D’ajouter des séquences parfois un peu trop clichées. De ne pas aller plus loin dans le rôle des politiques de l’époque. De ne pas approfondir assez les deux personnages féminins – Sallette et Doutey, impeccables figurantes – qui font écho au duo masculin.

Il manque une dimension politique et sociologique, romanesque et historique. Cela n’empêche pas La French de nous embarquer dans ce jeu risqué entre chat et chien enragé. On peut toujours être frustrés par une mise en scène trop classique et peu originale, râler sur les conventions éculées du genre, trouver la fin un peu longue, se plaindre d’un scénario qui privilégie l’issue dramatique aux diktats des circonstances. La French est une production bien foutue, haletante, portée par deux acteurs qui se régalent avec des personnages qui ne manquent pas de reliefs. C’est sans doute ces contrastes qui donnent l’impression d’avoir vu un film qui portait un potentiel immense et qui s’avère juste prévisible.
 
vincy

 
 
 
 

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