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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Riot Club
/ 2014
31.12.2014
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LA CRÈME DE LA CRÈME
« Mangeons à n'en plus pouvoir. Buvons à n'en plus finir ! »
Fidèle à sa réputation de cinéaste passionnée par la vie so british, la danoise Lone Scherfig revient avec un film élégant, enivrant, avec un plaisir visuel presque masochiste. D'une précision percutante. Ici, comme pour sa précédente fresque anglaise, Une éducation, la quête de soi et du respect des autres est mise en avant. Qu'êtes-vous prêt à faire pour faire parti de l'élite? Laisseriez-vous votre âme pour être haut placé?
Rapidement, on comprend que la dimension éthique est placée au cœur du film et en est une des clefs principales. Avec The Riot Club, c'est en effet l'idée d'une morale (quasi inexistante chez ces garçons) qui est centrale et plus précisément les actes de ces bobos intellos: sexe partout, drogue, alcool, bizutage, fêtes qui dérapent. Dans cette adaptation théâtrale Lone Scherfig décortique avec ironie et finesse le tout permis des hautes de la société: du non respect des autres à l'arrogance extrême. Une idée politiquement incorrecte qui piège peu à peu notre protagoniste Miles (Max Irons) dans la déchéance. Passant du petit-ami parfait au dandy anglais intouchable, il sera poussé à l'extrême de ses capacités, l'obligeant à faire un choix: le club ou son âme.
Sa descente aux enfers ne débute pas seul puisqu'il sera recruté en même temps qu'Alistair (Sam Claflin), autre nouveau protégé du Riot Club. Mais là où ce dernier se sentira comme chez lui, Miles devra vaincre ses propres scrupules. Scrupules qui apparaissent à travers les traits de sa jolie copine (Holliday Grainger). C'est d'ailleurs en elle et pendant une nuit d'amour torride qu'il abandonnera son dernier semblant d'humanité avant d'adhérer au club à ses risques et périls.
2 en 1
Toute l’intelligence du scénario se trouve dans les deux parties présentes du film. La première où en tant que spectateur vous aimez cette bande de riche garçon, vous souhaitez être dans le club avec eux et pourquoi pas en ramener deux ou trois dans votre chambre d'étudiant. Et puis il y a la deuxième partie du film où tout bascule. Terminé l'amitié naissante avec ces garçons, vous les haïssez à un point inimaginable.
Chacun dans son registre, Max Irons et Sam Claflin sont excellent. Le premier dégage une classe anglaise inimitable et une souffrance latente dans le regard qui rend les scènes dramatiques encore plus dramatiques. Le deuxième a dit adieu aux rôles de gentil garçon (Pirates des Caraïbes 4, Hunger Games, Love Rosie) et incarne un véritable salaud qui mériterait des baffes. Mais il le fait tellement bien, qu'on l'aime quand même. En ce qui concerne les huit autres garçons, ils ont chacun un bagage lourd de talent et de charisme (le charme anglais par excellence).
Tout le jeu de Scherfig est là, présent dans la prestance et le charisme de ces acteurs. Elle montre à travers ce film, plus que réussi, une certaine société cachée mais existante. Visionnaire et déroutant, The Riot Club est un petit bijou de faux semblants, de trahisons et d'excès. Le spectateur est pris dans un tourbillon de rebondissements qui ménagent leurs effets à la perfection. Ce qui semblait être un simple drame sur la richesse dorée anglaise se mue alors en un sujet multidimensionnel, ultra brillant, où la tension propre au thriller et les révélations s'entrechoquent jusqu'à l'explosion. Dès lors, Lone Scherfig se fait ouvertement plaisir en jonglant avec des situations poussées à l’absurde (la cérémonie d'insertion), des personnages à la perversité déconcertante (Alistair en est le roi), et un final cruellement ironique.
The Riot Club est un divertissement efficace et parfaitement ficelé, un véritable virtuose cinématographique. Cynthia
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