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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Exodus (Exodus: Gods and Kings)
USA / 2014
24.12.2014
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LE DIEU NUMÉRIQUE
Voici le peplum biblique raté par excellence. Une adaptation bien (trop) hollywoodienne d'un récit religieux connu de tous. Après l'ennuyeux Noë de Darren Aronofsky, Ridley Scott nous inflige cette année une autre histoire biblique, celle de Moïse. Cela semble tomber à pique pour les fêtes de fin d'année...ou pas! Peu importe votre religion, ne vous attendez pas à l'histoire initiale et bien connue de Moïse le gentil berger qui sauva le peuple Juif de l'oppression du pharaon grâce à l'aide de Dieu. Ici, Moïse (Christian Bale) est non seulement ultra sexy avec son Khôl autour des yeux, trop anglo-saxon pour être crédible, mais en plus il manipule l'épée avec autant de grâce qu'un Spartacus surentraîné. Cette vocation de l'épée tombe bien puisque Dieu va le choisir pour défier le méchant pharaon: Ramsès.
Lors d'une nuit orageuse Moïse va recevoir la révélation par Dieu représenté ici par un enfant assez inquiétant et dont les méthodes vont fortement déplaire à Moïse. La mer de sang, interprétée ici par une armée de crocodile mangeurs de pêcheurs, une maladie étrange, une pluie de grenouilles (à ras du sol) , bref la plaie des épisodes incontournables, prévisibles, même pas vraiment attendus... Tout cela va pousser le porteur de message à un excès de colère extrême face à la mission qu'il doit accomplir.
Ridley Scott a frappé fort avec ce péplum au point d'en donner des maux de têtes. À trop vouloir faire dans le spectaculaire, le réalisateur a viré au kitsch, oubliant son message premier - le divertissement - et une relecture du mythe plus contemporaine. Entre Noë et Exodus, espérons que les studios américains comprennent que la Bible ne certifie pas un chef-d'œuvre. Certes le carton-pâte a laissé la place au numérique et aujourd'hui on se bat comme si nos antiques ancêtres avaient vus tous les Tarantino avant de se lancer à l'assaut de l'ennemi. De Troie à 300,, hormis les corps musclés et luisants, on ne comprend bien l'intérêt cinématographique de productions insipides et psychologiquement binaires.
Les effets spéciaux ne remplaceront jamais un bon scénario et les stars d'Hollywood sont peu crédibles en prêcheurs moralisateurs. Ridley Scott rejette tout ce qui aurait pu donner du charme, de la poésie, de la profondeur au profit d'un discours binaire proche du ridicule. Le résultat est aussi plat que le jeu des acteurs (tous mauvais). Il ne reste finalement que l'épopée technique, numérique. Comme si le cinéaste préférait désormais se prendre pour le Dieu des images, oubliant que, sans l'homme, rien n'est incarné. cynthia
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