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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Jian Gui (The Eye)
Chine / 2002
27.08.03
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DANS LE GENRE C’EST CITÉ
"- T’es-tu réincarné au bon endroit ? Tu es si différent du reste de la famille…"
Longue tradition folklorique du cinéma extrême oriental, le film de fantôme est une source qui ne se tarit pas, se réactualisant au contact de la technologie (la vidéo hantée de The Ring), mais se bornant surtout le plus souvent à effrayer en exploitant un canevas immuable et hautement répétitif (le récent et très basique Ju-On de Takashi Shimizu). Rares sont les réalisateurs qui parviennent véritablement à dépasser le genre pour développer des thématiques plus personnelles. Faisant figure d'exception, Dark Water représente d’avantage pour Hideo Nakata un détournement de la ritournelle fantastique spectrale destiné à évoquer des préoccupations complexes, qu’un pur prétexte grandguignolesque populaire. Moins évident en revanche que la paire Pang ait un message aussi ambitieux à faire passer dans leur propre traitement des esprits frappeurs. A la vision de Jian Gui, rebaptisé The Eye pour le marché international, pas possible pour autant de les taxer de modestie. Jeunes cinéastes, revendiqués par leur cursus avant tout comme techniciens d’image, leur priorité semble hélas un peu trop se porter vers le plaisir plastique au détriment du soin dépensé dans la cohérence et la profondeur de la narration. Une critique qui à ce titre les rapproche dans leurs efforts des réalisateurs coréens Kim Tae-yong & Min Kyo-dong pour leur projet Memento Mori. Ce ne sera donc pas tant la volonté de raconter cette histoire d’une jeune fille qui recouvre la vue pour son plus grand malheur, très connotée thriller, qui intéressera les deux auteurs, que les occasions un peu trop évidentes de filmer des séquences choc idéales pour l’expérimentations d’artifices divers ou le recyclage de certains exploits de leurs idoles (avec un penchant pour les « publicitaires » anglais des années 80, Adryan Lyne pour Jacob’s ladder et Alan Parker et son Angel’s heart). Très vite le scénario prend l’air, se dégonfle et le duo ne s’en sort pas par la pirouette d’un final apocalyptique qui jure un peu avec le reste. Trop préoccupés par leurs satanées apparitions, dont l’efficacité reste cependant indéniable, les Pang effleurent la majorité des éléments (la découverte de la réalité visuelle très vite expédiée) et personnages périphériques (la relation précipitamment développée et conclue avec la jeune malade Yingying, …), les abandonnant au stade de l’esquisse sans en dégager le potentiel dramatique. Hélas c’est souvent des pièces secondaires que naît la valeur singulière de ce genre de film. Dépouillé de toute exigence de maîtrise démesurée, il restera en définitif le plaisir de sursauter en partageant les angoisses de la jeune Mann, servie par une interprétation transparente essentiellement composée d’écarquillements de paupières.
Signe définitif que la cohérence n’est pas la préoccupation majeure des réalisateurs, la logique voudrait que la perception de l’au-delà ne puisse se faire que dans le cadre étroit de la vision de l’héroïne, rendue possible par sa greffe de la cornée. Etonnant donc que chaque manifestation surnaturelle s’accompagne d’une débauche d’effets sonores tonitruants, même si leur utilisation témoigne d’une ingéniosité remarquable, contrastant avec l’emploi d’une musique plus encombrante. Paresse de se lancer dans un vrai travail sur l'ambivalence de l'image ? Oxide Pang aurait été incapable de se résoudre à laisser sur la touche son savoir faire incontournable en matière d’acoustique ?
Les jumeaux devront se faire une raison, tâtonner avec les outils cinématographiques les empêchera d’atteindre une envergure propre à livrer des films aboutis et totalement estimables. petsss
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