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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'affaire SK1
France / 2014
07.01.2015
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LA CHASSE AU LOUP
«Essaye de garder un peu de distance, sinon elle va te démolir cette affaire»
Précision d’avant chronique : L'affaire SK1 est un polar adapté de faits réels et effroyablement violents de l'intérieur. Intérieur car vous ne verrez pas des meurtres en direct live à la façon des films américains, vous les ressentirez, ce qui est encore pire. Toute la puissance du film vient des non dits, des actes manqués qui ont défié l'ouest parisien avec l'affaire Guy Georges dans les années 90. Parce que, oui, c'est une histoire vraie et oui, ça fait froid dans le dos.
Frédéric Tellier filme cette lugubre affaire avec brio et génie. Tantôt aux côtés de Nathalie Baye qui défend le présumé coupable, tantôt aux côtés de Raphaël Personnaz qui traque ce dernier, il a su mélanger avec précision les rebondissements sur le premier serial killer de Paris. Maintenu en haleine jusqu'à la dernière seconde, on se croirait en plein concert avec pour maestro, le réalisateur appliqué Frédéric Tellier.
Dans un style très sec, à la limite du documentaire, il remonte la piste du serial killer en n'épargnant aucun raté au spectateur : fausses pistes, erreurs d'appréciation, dissensions entre les services... A l'opposé d'un polar classique qui exalterait la dextérité des enquêteurs, L'affaire SK1 décortique les rouages complexes d'une vraie enquête de police. En parallèle, il raconte le travail de la justice et notamment celui des avocats qui mènent, eux aussi, à leur façon, leur propre enquête pour découvrir qui est réellement cet homme sur le banc des accusés. On est tout simplement captivé par ce double travail de recherche qui finit certes par aboutir à une même conclusion, mais laisse également toute une part d'ombre.
Les acteurs apportent beaucoup à la force dramatique du récit. Chacun dans son registre, Raphaël Personnaz et Nathalie Baye sont grandioses. Le jeu de l’acteur et sa prestance à l'écran ne laissent pas de marbre. À tel point qu'on le verra bien faire une carrière à Hollywood. Belle gueule, talent magistral, il serait même mieux aux côtés de Georges Clooney dans la pub Nespresso que Monsieur Loulou. De même, la flamboyante Nathalie Baye brille en incarnant l'avocate de l'indéfendable. Mention plus que spéciale également à Adama Niane qui incarne Guy Georges et sait glacer le sang tout en attisant la pitié. Tout le talent de Tellier est ainsi de jouer avec ses personnages complexes (et pourtant réels) pour mieux distiller doute et faux semblants, jusqu’à plonger le spectateur dans un tourbillon d'effroi.
Avec un sujet aussi épineux on pourrait croire que le film est négatif et pourtant c'est tout le contraire. Même si en sortant de la salle vous allez vous mettre à courir aussi vite que Carl Lewis jusqu'à chez vous, L'affaire SK1 fait parti de ces films qui honorent le blason cinématographique français. Un polar sous fond de faits divers et parfaitement calibré qu'il ne faut pas rater. Cynthia
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