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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Jupiter: Le destin de l'univers (Jupiter Ascending)
USA / 2014
04.02.2015
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SPACE-OPÉRA BOUFFE
"J'ai plus de points communs avec un chien qu'avec vous."
Que se passe-t-il quand une immigrée russe qui gagne sa vie comme femme de ménage rencontre un ancien chasseur militaire interplanétaire ? Réponse : un space opera complètement foutraque à des années-lumière de ce que peut être un bon film. Explications.
Entre banalité... et banalité !
Jupiter Jones n'est pas n'importe qui. Ou bien si, c'est une jeune femme de ménage résidant à Chicago et dont la vie empeste la banalité. Son destin s'en trouve bouleversé au moment où elle croise Caine, le fameux chasseur génétiquement modifié qui ne va avoir de cesse de lui sauver la vie, parfois au dépens de la sienne. Par souci d'honnêteté, autant vous le dire dès maintenant : on a connu les Wachowski bien plus inspirés. Et j'insiste sur ce point.
Jupiter Ascending est un film des Wachowski, de l'écriture à la réalisation, de la production à la post-production. Tout sent les Wachowski, et de ce fait, nous étions en droit d'en attendre davantage. Vous souvenez-vous des frissons devant les scènes de combat de la trilogie Matrix, de cette jubilation face aux dialogues de V pour Vendetta ou encore de ces "Wahou!" prononcés devant les plans d'ensemble de Cloud Atlas ? Eh bien il y a tout cela dans Jupiter Ascending, et c'est précisément ce qui en fait un joli film complètement banal. En utilisant à outrance tous leurs gimmicks, les Wachowski réalisent en effet un film sans saveur, un blockbuster sans intérêt, une œuvre aussitôt vue, aussitôt oubliée.
Si l'on peut comme toujours applaudir le travail effectué sur les effets spéciaux qui sont, reconnaissons-le, à couper le souffle, on ne peut pas en dire autant du reste. Car dans Jupiter Ascending, rien (ou presque) ne fonctionne correctement. A commencer par ce récit qui ne surprend pas et qui pue carrément la resucée. Comprenez ici que, comme c'est à prévoir, les amis sont souvent des traîtres, que l'héroïne échappe constamment à la mort de justesse, que sa famille est faite prisonnière par les méchants et que ces derniers sont manichéens et physiquement ignobles. Bref, rien de bien palpitant sous le soleil du film SF. Visiblement pensé comme un quelconque blockbuster, Jupiter Ascending n'échappe pas aux écueils du genre : beaucoup trop d'action et d'explosions dès le début, pas mal d'ironie et de vannes ratées et un dénouement qui frise le ridicule.
Des mauvais choix à la pelle
On ne le dira jamais assez, mais la présence de grands acteurs ou de simples personnalités connues ne remplacera jamais un bon scénario. Si le scénario est faiblard ou carrément manquant, le résultat n'a aucune chance d'être correct. Preuve en est avec Jupiter Ascending et son histoire à la portée de n'importe quel collégien ayant déjà vu deux-trois films de science-fiction ou d'action. En d'autres termes, avec ses ressorts aussi gros que ses vaisseaux spatiaux, le nouveau film des Wachowski ennuie parfois et agace souvent.
A l'image de ce couple star, Mila Kunis et Channing Tatum, qui ne sont vraiment pas au top de leur forme. La première donne envie de quitter la salle dès la quinzième minute tant elle lasse, tandis que le second fait peine à voir dans ce rôle indigne de lui. Oui, oui, c'est possible. L'alchimie entre les deux est peut-être perceptible sur les tapis rouge mais dans Jupiter Ascending, il n'en est rien. On sourit et on rit devant leurs "scènes de couple" trop mielleuses pour être crédibles, trop écrites pour nous intéresser. Et le reste du casting en prend également pour son grade. Sean Bean aurait mieux fait de rester mort après sa décapitation dans Game of Thrones. Eddie Redmayne est par chance meilleur dans Une merveilleuse histoire du temps sorti il y a peu, de même pour Douglas Booth et son Riot Club et Tuppence Middleton avec The Imitation Game. Quant à James D'Arcy, s'arrêter à sa précédente collaboration avec les Wachowski eût été plus judicieux.
Si le film est visuellement beau, le résultat final n'est pas à la hauteur de nos attentes. C'est à se demander comment ont été utilisés les 175 millions de dollars de budget et comment on a pu rester jusqu'au générique de fin. La musique est grandiloquente mais attendue, les personnages sont sans profondeur et l'histoire sans réel intérêt. Véritable condensé du savoir-faire et des inspirations des deux réalisateurs, Jupiter Ascending laisse pantois. Tout n'y est pas à jeter, mais loin de nous l'idée de vous le recommander !
wyzman
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