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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Papa ou Maman
France / 2014
04.02.2015
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LA GUERRE DES LEROY
«- On s’engueule plus.
- ça, ça me manque.»
Le divorce a toujours inspiré le cinéma. C’est une guerre au sein même du foyer. Dans La guerre des Rose (où l’orgueil était fatal au couple), dans Mr & Mrs Smith (où le couple est sauvé de sa routine en détruisant leur maison), dans Divorces côté cinéma français (où le pétage de plomb aboutit à un massacre à la tronçonneuse), les époux sortent la grosse artillerie quitte à mettre en péril la vie de l’autre. Papa ou Maman diffère un peu : le seul problème du couple est la garde des enfants, dont aucun ne veut, pour des raisons professionnelles.
Tous les ingrédients sont là pour une comédie féroce, qu’on espère politiquement incorrecte. Les auteurs du Prénom s’attaque à l’enfant roi, vache sacrée et poison de notre époque. Les parents ne sont pas laxistes, mais dépassés. Le couple est incarné par Marina Foïs et Laurent Lafitte, a priori deux excellents comédiens de comédie. D’ailleurs le prologue donne le ton : un long (faux) plan séquence lors d’un réveillon il y a une vingtaine d’année où Lafitte, jeune coincé, court après Foïs, jeune chieuse. D’entrée, il y a conflit, guérilla, destruction. C’est prometteur.
Mais au final, le film est plus intéressant dans ce qu’il dit en creux sur la condition de la femme et l’éducation d’enfants gâtés que sur le couple. C’est davantage dans sa partie dramatique qu’il y a quelque chose à tirer de cette comédie très courte. Papa ou Maman, hélas, veut absolument nous faire rire, même jaune, même avec de l’humour acide. Pourtant, il n’ose pas franchement aller jusqu’au bout, jusqu’à l’excès. Les bonnes idées sont souvent lissées par une mise en scène trop sage. Blake Edwards disait qu’un bon gag était un gag qui appelait la surenchère, sans fin. Or chaque scène de comédie semble s’arrêter brutalement, trop tôt. Comme si le politiquement incorrect et la farce avaient leur limite. On garde sa raison même dans la folie. Il y a de l’inspiration, mais ça manque d’audace. Et surtout ça manque de rythme. Le réalisme revient toujours gâcher le plaisir de voir les deux époux explorer leurs démons les plus viscéraux au nom de leur ambition (et intentions cachées).
Mais Papa ou Maman flirte avec délice sur quelques tabous. Un divorce ça n’annule pas simplement les vacances à Paros l’été prochain. Il faut aussi supporter les salles gosses, du genre à donner des ulcères. Egocentrés, insupportables, infernaux. Il y a également sa nouvelle vie à gérer. Tout cela est abordé, rien n’est oublié. Et les rôles de Foïs et Lafitte sont à parfaite égalité. Une parité exemplaire avec un personnage féminin accompli et un personnage masculin attendrissant. Enfin presque, puisque tout le comique (trop rare, trop parcimonieux) repose sur le fait qu’ils deviennent des monstres dès qu’il s’agit de savoir qui va avoir la garde. Du liquide vaisselle dans les spaghettis à l’encouragement embarrassant en pleine partie d’échecs, ils sont prêts à tout pour fuir leurs progénitures. Il faut attendre le duel entre les deux futurs ex-époux pour que ça dégénère vraiment façon Guerre des Rose/Mr&Mrs Smith/Divorces.
C’est un peu tard. Car malgré l’esthétique de comédie américaine, le film joue davantage les montagnes russes, avec quelques faux plats, que la spirale infernale vertigineuse.
Heureusement, il reste les comédiens. Lafitte donne le change face à une Foïs en pleine forme. Qu’elle mente effrontément ou qu’elle soit blessée intérieurement, elle sait faire passer chacune des émotions, jusqu’à maîtriser la fausse improvisation. C’est de loin le personnage le mieux écrit, celui possédant le plus de nuances et dont on comprend à chaque fois les motivations. Parfois elle frôle la caricature d’elle-même, mais c’est davantage la faute de quelques faiblesses dans le script, parfois bancal. Cela donne une impression de déséquilibre au film, qui oscille entre excellentes répliques et dialogues un peu bâclés, délires contenus et cynisme insidieux. Ce n’est jamais hilarant, mais ça reste jouissif. Il aurait fallu plus d’allant et moins de carcans.
Cependant, malgré la petite invraisemblance finale (au nom d’un twist qu’on ne révèlera pas mais qui fonctionne parfaitement) et l’ellipse déstabilisante qui ne nous expliquera jamais comment on en est arrivés à cette conclusion, Papa ou maman reste un formidable portrait d’une famille moyenne contemporaine où le plus difficile pour deux adultes qui ne s’aiment plus, ce n’est pas de se séparer, mais bien de se reconstruire. Comme dans Le Prénom, le véritable problème est la descendance: avant la naissance, un bébé peut pourrir un couple. Après, les enfants continuent de pourrir la vie, même si nous ne sommes plus en couple.
vincy
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