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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mon fils (Dancing Arabs)
Israël / 2014
11.02.2015
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AILLEURS PEUT-ÊTRE
«- Parfois j’oublie que t’es arabe.
- Moi aussi
- T’inquiète pas, y aura toujours quelqu’un pour te le rappeler.»
Un arabe israélien. Tel qu’on évoque dans les actualités Israël, on imagine mal qu’un habitant sur cinq dans ce pays est arabe. Etranger en son propre pays, Iyad va pouvoir (puis vouloir) s’assimiler. Au point de devenir étranger à lui-même, à sa famille, et finalement de changer de vie et d’identité.
Sur une décennie Eran Riklis dépeint deux mondes qui cohabitent malgré eux, s’ignorant l’un et l’autre, sans se comprendre. L’Arabe reste l’intrus. Jeune, beau, doué, la fierté de ses parents, il va devoir s’intégrer à ses concitoyens, d’une autre confession, colonisateurs même. Il n’a pas l’accent qu’il faut. Il est victime de racisme ordinaire. On se moque de lui.
Pourtant, en se liant d’amitié avec un jeune juif condamné et en tombant amoureux avec une jolie juive, il va rapidement s’assimiler.
Attention, ce n’est ni pro l’un ni pro l’autre. Le scénariste (et auteur des livres dont s’inspire le film) est Sayed Kashua, qui vient de quitter Israël pour aller vivre aux Etats-Unis. Réalisé par Eran Riklis, Mon fils est avant tout un grand cri d’amour, une rage de vouloir la paix. La haine n’y a pas sa place. Il y a même tellement d’amour que tous vont se mélanger, se confondre, se perdre. Son père affiche de la colère mais ne veut que le son bonheur. Sa mère comprend sans un mot qu’elle doit le laisser partir. Sa copine sera piégée dans un dilemme insurmontable. Son ami va mourir. La mère de son ami va le protéger. Tout est alambiqué, sincère, et finalement très simple.
Pourtant, on ressent bien les antagonismes, les visions différentes d’un même événement (comme la guerre en Irak). Mais Iyad a fait son chemin entre temps. Il a appris et il s’est fait apprivoisé. Lui porte ces deux visions. Sa personnalité se dédouble. Amis des juifs, fils d’arabes. Comme le disait l’écrivain Amos Oz, souvent cité dans le film, « le désespoir ne l’attire pas. » Il sait quelle est sa place et peut, avec la culture nécessaire, dénoncer la représentation de l’arabe dans la littérature hébraïque. Les mots sont puissants mais cela n’empêche pas de laisser la porte ouverte aux sentiments. Il n’y a pas de manichéisme : juste des preuves de ce monde absurde qui déchire les êtres.
Avec sobriété, le réalisateur nous amène vers son émancipation totale. Il va couper tous les liens un à un pour se sentir libre dans son pays. Mais il va devoir aussi sacrifier son passé pour s’offrir son avenir. C’est cruel et le film va très loin. La mutation, basée sur la falsification, est surprenante. Elle interpelle forcément. Mais aussi quelle idée de naître dans un pays où selon que l’on croit à un Dieu ou à un autre, l’(in)justice n’est pas la même.
On se laisser porter par ce récit, cette magnifique relation amicale avec Yonatan, presque plus touchante que celle, amoureuse, avec Naomi. Mais finalement c’est bien le lien qu’il tisse avec la mère de Yonatan, Edna (Yaël Abecassis, d’une justesse impeccable), qui va transformer cette histoire dramatique en drame bouleversant. En l’acceptant comme un « deuxième fils », en lui confiant son propre fils, elle va changer son destin. C’est elle qui va l’assimiler. Elle qui va lui permettre de se sentir israélien, tout en restant arabe. Iyad est le moteur, la vie, celui qui va la sauver du naufrage.
Dans un final inattendu et irréel, utopique et lourd de sens, où le juif est enterré en arabe et l’arabe renaît en juif, le film s’émancipe aussi : ni didactisme, ni critique. Juste l’envie que la dignité de chacun soit respectée sans passer par le subterfuge nécessaire à l’épilogue pour qu'Iyad ne soit plus l’arabe méprisé, rejeté, celui à qui on demande ses papiers.
vincy
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