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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Johns
USA / 1997
09.06.99
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DANS LA CHALEUR DE DECEMBRE
"-C'est la première fois pour moi.
-La première fois que quoi? Que tu te fais Santa Claus?"
Scott Silver donne l'impression d'être un enfant bercé dans l'undergound. Il s'inspire de Morissey et Warhol (Flesh), de Macadam Cowboy, My own Private Idaho, en développant une amitié masculine, ou encore du décor planté dans les films de Bruce Labruce (Hustler White), le sexe en moins.
Fils d'une longue descendance, ce film dépeint la déréliction des jeunes prostitués homosexuels (Hustlers) de Los Angeles. Rien à voir avec Rodéo Drive et Hollywood, ici on marche sur Monica Boulevard et on tapine faute de shopping. Ils sont jeunes, sûrement trop jeunes, mais ils gagnent leur vie et tentent surtout de la garder. Mais parfois le père Noel peut être une vraie ordure avec certains.
Une amitié forte lie deux Hustlers. L'un (John), déjà habitué à fouler le bitume, l'autre (Donner), la démarche mal assurée, ses airs fragiles et effeminés, il s'accroche à John tendrement. Au premier regard le scénario n'a rien d'exceptoinnel, pourtant l'histoire de John nous rappelle que Saint Jean a pénétré (sans faire de jeux de mots) dans les profondeurs de la vie de Jésus et invite à la "renaissance". Comme si John devait mourir pour mieux vivre l'amour que lui porte Donner et assouvir ses rêves les plus profonds, comme celui de devenir une star.
Peu de scènes de cul, très loin de Bruce Labruce. Scott Silver insiste plus sur les émotions des deux personnages, le tout appuyé par une musique classique, des ralentis et un jeu d'acteur surprenant, surtout de la part de David Arquette. Arborant une larme en tatouage sous l'oeil gauche et un bonnet de Santa Claus, il pourrait être un mélange de James Dean et de Marlon Brando avec toute la rage d'une génération en lui. Quant à son compagnon de route, il a cette attitude des jeunes d'aujourd'hui, mal à l'aise dans leurs pompes, les cheveux cachant les yeux et les épaules courbées, un air des années 70 plagne autour de lui. Emouvant et naïf à souhait, il rêve d'emmener son ami, qui par la force des choses n'est que son meilleur pote, loin de tout ca. N'importe où mais alleurs!
On retiendra la dernière passe de John, la danse fatale dans laquelle il dévoile ses tatouages et son corps à peine musclé, la silhouette d'un garçon de 21 ans, tout simplement, mais déjà marqué par les épreuves de la vie. On peut naître et mourir un jour de Noël, effectuer un cycle complet sans avoir vécu. Ou alors, au contraire, trop vécu, trop vite, brûlant les étapes et se faire faucher dans la fleur de l'âge.
Le film de Silver n'a rien de plaisant, on en sort mal à l'aise en respirant une grande bouffée. Radical, le cinéma indépendant américain surprend toujours son spectateur. Une longue métaphore qui vous emmènera loin. Ou nulle part.
alix
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