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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Un homme idéal
France / 2015
18.03.2015
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LE TALENTUEUX (OU PRESQUE) IMPOSTEUR QUI PLAÎT
«Les femmes finissent toujours par savoir ce qu'on est vraiment»
Comment passer de l'ordinaire à l'extraordinaire? Mathieu (Pierre Niney) rêve d'être écrivain mais n'en a hélas pas le talent. Déménageur faute d'aboutir à ses désirs, la chance lui tombe sous la main lors d'une de ses journées de travail. Il trouve les mémoires de guerre d'un ancien militaire récemment mort, s'en approprie les mots et en fait un best-seller. Le jeune écrivain déchu acquière la notoriété et en bonus une petite amie adorable et intelligente (Ana Girardot), mais à quel prix?
Le film se compose en plusieurs parties. Tout d'abord nous faisons la connaissance de ce "monsieur tout le monde", ce personnage attendrissant et solitaire qui rêve de gloire et de reconnaissance. Puis nous voilà plongés dans son acte désespéré où il vole les écrits d'un mort qui s'est battu pour sa patrie afin de réaliser son rêve inavoué. Enfin nous nous retrouvons à ses côtés dans une vie de richesse où son mensonge le ronge au plus profond de son être. Malgré ses manigances et autres défauts qu'il peut avoir, nous ne pouvons pas nous empêcher d'avoir de la sympathie pour ce garçon. Nous avons peur pour lui et souhaitons intérieurement qu'il s'en sorte et que son mensonge ne soit jamais découvert.
Le spectateur est submergé dans cette course poursuite psychologique où notre héros tente de cacher son vrai "je": un jeune homme transparent, incolore, sans talent. Qui de mieux pour incarner ce personnage énigmatique que l'ex-membre à la Comédie Française (il vient de la quitter) et récemment césarisé, Pierre Niney. Un visage passe-partout et un physique de jeune garçon, l'acteur n'est pas celui qui attire le plus les regards. Pourtant, Pierre Niney, à l'antipode du beau gosse de cinéma, dégage plus de charisme en variant les émotions et en s'imposant d'emblée comme un Rastignac plus proche d'un Matt Damon effacé dans Le talentueux Monsieur Ripley que d'un Alain Delon dans Plein Soleil.
Joie, peur, tristesse, désespoir, l'acteur aux gros yeux noirs joue à la perfection cet écrivain usurpateur et apeuré. Le film est captivant, usant, évidemment, de grosses ficelles, et abusant, sans doute, d'astuces scénaristiques pas forcément crédibles ou réalistes. Un homme idéal emploie tous les codes du genre, quitte à ne pas vouloir les réinventer ou à risquer la banalité. Mais au moins le plaisir est là: celui de se laisser manipuler par un thriller élégant et porté par une nouvelle génération de comédiens. Cynthia
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