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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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A trois on y va
France / 2014
25.03.2015
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TROUPLE TROUBLÉ
Un coup de sonnette, la porte s’ouvre en même temps que débute le film: en trois minutes on a découvert les trois protagonistes soit le mari, la femme, et l’amante. Le film commence directement avec l’exposition de la situation d’un triangle amoureux déjà établi. Il y a d’entrée de jeu le couple Micha et Charlotte, et aussi leur amie Mélodie, objet d'infidélités.
Jérôme Bonnell réalise avec A trois on y va son 6ème film (depuis Le chignon d’Olga en 2002) : après diverses rencontres hésitantes avec des possibles histoires d’amour futures (comme J'attends quelqu'un ou Le temps de l’aventure avec Emmanuelle Devos), il raconte cette fois des histoires d’amour au présent. Ce nouveau film A trois on y va ne raconte ni la première rencontre ni la première infidélité, il démarre avec le couple déjà bien établi du mari et de la femme qui partagent (sans le savoir) la même maîtresse. Cette originalité va donner de la fraicheur à une délicieuse comédie sentimentale …
« Désolée d’être venue ou d’être restée ?»
2 filles et 1 garçon, plusieurs possibilités… On est en 2015 avec des personnages qui ont la jeunesse de leur époque: plutôt que de se poser des questions sur la sexualité avec un garçon et/ou une fille, le plus important est de s’interroger sur leurs désirs, leurs mensonges et leurs sentiments. La situation où il est possible d’aimer en même temps deux personnes différentes pouvait être un tabou à l’époque de Jeanne Moreau avec Jules et Jim ou de Bertrand Blier et Les valseuses, mais c’est devenu aujourd’hui une situation amoureuse relativement fréquente, en tout cas moins trasngressive. Certains cinéastes français en profitent pour signer des films aussi originaux que Antony Cordier avec Douches froides, Christophe Honoré avec Les Chansons d’amour, Patrice Leconte avec Voir la mer, et bientôt Gaspar Noé avec Love…
« Moi j’avais des envies immenses avec toi…»
Le réalisateur Jérôme Bonnell préfère lui ne pas s’attacher à une certaine tension sexuelle. Il n'y a aucune crudité des corps dans son film. Les quelques scènes avec un vêtement enlevé provoquent chez le personnage autant un embarras qu’un trouble. A la trivialité, il préfère la légèreté. Que se passe-t-il dans un couple où chacun trompe l’autre tout en croyant l'autre irréprochable ? Que se passe-t-il quand c'est la même personne qui est l'amante clandestine ? Culpabilité de la trahison tout en assumant ses mensonges... Ce trouple amoureux est aussi le prétexte de jouer avec les clichés. Au lieu du classique amant qui doit s’enfuir par une fenêtre, ici ça sera la maîtresse qui devra s’échapper par les toits. On retrouve dans le film un burlesque proche du vaudeville avec plusieurs quiproquos où un couple illégitime sur le point d’être découvert doit s’efforcer de jouer avec les apparences. Son trio - Félix Moati, Sophie Verbeeck et Anaïs Demoustier - se retrouve au diapason avec une même fraicheur communicative. D’ailleurs Anaïs Demoustier, dont le personnage est plus central et détaillé, révèle une nouvelle facette de son jeu: la fantaisie.
Car Jérôme Bonnell veut nous amuser avec un mélange des genres qui alterne des déclarations romantiques et des situations comiques, et il y parvient de manière subtile. A trois on y va est autant une bouffée d’humour et d’amour, qu’une invitation à se laisser porter par ses émotions du moment. Sans jugement.
Kristofy
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