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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Shaun le mouton (Shaun the Sheep Movie)
Royaume Uni / 2015
01.04.2015
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NICHE & SHEEPS
C’est l’année du mouton pour les Chinois mais ce film est anglais jusque dans son ADN : de l’humour aux situations, toutes les influences sont très « british », entre satire (La ferme des animaux), burlesque (Mr. Bean) et fable sociale et solidaire. Ils nous manquaient un peu les Studios Aardman dans le paysage animé du cinéma. Et en voyant Shaun le mouton, qui n’était pourtant pas leur meilleur film, on comprend mieux pourquoi : ce mélange d’humour loufoque et d’ingéniosité avec des personnages immédiatement attachants et une histoire aussi simple que touchante ne peut que séduire. Et n’oublions pas l’aspect artistique qui confine au perfectionnisme, louable.
Shaun le mouton est avant tout un scénario très bien écrit. Certes il n’y a aucune complexité. Mais sa fluidité, son épure même, le rende diablement efficace, sans artifices. Une histoire d’amour à reconquérir, celui d’un fermier qui a perdu le goût de vivre et se laisse aller à lune routine aliénante. Les moutons, mais aussi le chien, veulent retrouver ce fermier hippie qui les câlinait tant et le fermier doit retrouver l’envie d’exister. Sans paroles (quelques baragouinages servent de langage), le récit va alors proposer une succession d’aventures aussi délirantes que captivantes. Cela rappelle Chicken Run et son grand plan d’évasion. On n’en est pas loin. Mais là il s’agit plutôt d’une opération de rapatriement salutaire après une évasion sanitaire. La bêtise des uns et la malice de Shaun font le reste. Les gags s’enchaînent. De l’art du déguisement au Cheval de Troie nouvelle version (qui là encore rappelle Chicken Run), on assiste à un jeu de chassé-croisé et des courses poursuites parfois désopilantes. Même si le film ne fait pas hurler de rire, la mise en scène, modelée à la perfection (un sens du cadrage qu’on aimerait voir plus souvent) sauve quelques platitudes ou séquences déjà vues. C’est le premier accro du film : ce sentiment de terrain balisé, de sentiers trop battus. La créativité réside davantage dans la folie générale que dans les situations et contextes peu originaux.
Heureusement, la dérision est subtile, à l’ancienne, comme dans les grands films muets, pas loin de Harold Lloyd et Buster Keaton, les véritables références de cette œuvre très animée. Il y a bien sûr quelques clins d’œil couleur locale (comme la pochette de l’album des Beatles Abbey Road). Du restaurant guindé à la salle d’opération chirurgicale (grand moment), du refuge pour animaux (maltraités) à l’échappée belle vers la Ferme, il y a de quoi emballer notre rétine.
Certes, cela manque de dynamisme (second accro du film), et cause ainsi la sensation de passer un agréable moment alors qu’on s’attendait à dévaler une pente infernale à toute allure. Mais au delà de l’aspect sympathique, le film fourmille de bonnes idées épatantes. Le final à la Cape Fear parodie un film d’horreur - rassurez-vous les enfants en rient : ils savent qu’il ne faut jamais porter un slip rouge quand un taureau est dans les parages – et montre que les auteurs sont imaginatifs de bout en bout. Et cette virée en ville qui part en vrille n’est pas un simple bon moment : les qualités du film prouvent qu’on peut encore faire un film d’animation grand public, haut de gamme, avec des bêtes qui bêlent pour le rire et pour le tondeur.
vincy
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