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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Journal d’une femme de chambre
France / 2015
01.04.2015
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TROP BELLE POUR EUX
En s’appropriant ce Journal d’une femme de chambre, Benoît Jacquot continue son exploration de la solitude chez la femme. A ce titre, le film est réussi. Après Paulette Goddard et Jeanne Moreau dans ce même rôle, Léa Seydoux interprète avec justesse et un érotisme tout en retenue cette jeune femme qui subit son désir et enfouit sa colère. Héroïne parfaite pour le cinéma de Jacquot, à la fois froide et séduisante, troublante et énigmatique, épuisée et combattive, elle se coule merveilleusement dans cet univers impeccablement ennuyeux d’un autre temps.
Pourtant, on comprend bien l’écho à notre époque : une France xénophobe, antisémite, avec une bourgeoisie arrogante et égocentrique. La fracture sociale existait déjà : les riches narguaient de leur opulence des pauvres proches de la misère. Les portraits des personnages secondaires sont, à ce titre, un régal : admirablement interprétés, ils composent un tableau peu réjouissant d’une France racornie, avec son côté râleur et individualiste. L’isolement de cette femme de chambre accentue cette impression que la République n’existait déjà plus. Il n’y a bien que le majordome (Vincent Lindon, admirable en homme un peu « brut » proche de la détresse d’être rejeté) pour la maintenir socialement existante.
Mais voilà cette histoire d’une noirceur terrible, portée par un regard cinglant, ressemble trop à une belle peinture, de celle qu’on accroche aux musées. Trop élégant, trop stylisé même, le film s’empêche d’avoir le moindre accro, le moindre défaut. Trop beau pour un récit aussi laid. L’horreur et le réalisme n’ont pas leur place et créent une distance regrettable.
Si le réalisateur sait toujours aussi bien filmer la tension, érotique ou sentimentale, il n’a pas su rendre la dureté de l’œuvre originale, lui préférant sans doute une forme de sensualité. L’ambivalence que cela procure est intéressante, mais elle entraîne cette nouvelle version du Journal d’une femme de chambre vers un classicisme trop attendu, quand, par fulgurances, on entrevoit au contraire un souffle plus moderne. Trop corseté là où on voulait de la chair, le mélange d’une direction artistique trop belle et d’une écriture populaire nous laissent un arrière-goût de déception.
vincy
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