|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Judas Kiss
USA / 1998
02.06.99
|
|
|
|
|
|
HORS D'ATTEINTE
Le problème dans ce film c'est l'effet d'esbrouffe imposée au détriment d'un véritable style. Comme si Sebastian Gutierrez, pour son premier film, avait voulu placer ses références cinématographiques pour se valoriser. Or, aucun cinéphile ne sera dupe. De Rodriguez à Tarantino, de Soderbergh à MTV, il nous sert un cocktail parfois indigeste. Avec une scène de kidnapping pompée sur celle de L'Honneur des Prizzi (chef d'oeuvre John Hustonnien) et une scène de cul bucale identique à celle de Talons Aiguilles (inoubliables barres parallèles), Judas Kiss se veut un film noir, sans atteindre ne serait-ce que l'univers angoissant du genre.
Certes, ce script banal, bavard et monotone est relevé par une mise en scène parfois intéressante, des personnages colorés (et originalement présentés). Le rôle principal est en fait dévolu à une femme (un bon point), fatale, passionnée, imprévisible, et finalement pardonnée. Le gang de méchants est cependant un peu caricatural, et les relations entre eux n'arrivent jamais à nous surprendre. Le film prend son intérêt quand le kidnappé devient le centre d'intérêt, et donc l'objet de la zizanie du groupe. Entre temps, on nous aura bombardé d'essais visuels (séparation d'écrans, colorisation des images, effets vidéos clips) cassant le rythme de ce qui aurait pu être un grand polar.
Rythme d'autant plus étrange que le film se divise en deux ambiances très déséquilibrées. En effet, à partir du moment où Gutierrez insère ses 2 flics dans l'histoire, on ne voit plus un polar stylisé mais un thriller américain classique, avec 2 stars. Et sans cesse on bascule entre ces 2 aspects.
Emma Thompson et Alan Rickman fournissent en fait une performance aussi inhabituelle que solide. Avec leurs accents sudistes, des manières américaines (chewing gum, alcool), ce duo (qui a souvent joué ensemble) à la Mulder/Scully insuffle une dose d'ambiguïté et de vérité dans cette fiction surdosée en événements inutiles. Alors que les kidnappeurs baignent dans un univers artificiel, les flics nous ramènent à la réalité. Sans compter que les scènes les plus originales, et les plus fortes, sont liées aux deux acteurs britanniques - notamment Emma en Roller Blade...
Le tout finira de manière tragique et classique, la morale sera (presque) sauve, et chacun méritera son destin. Il manquera un zeste de cynisme et d'humour. Et on s'interrogera sur la sincérité de ce film: première oeuvre maladroite ou photocopie sousestimée? vincy
|
|
|