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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Cake
USA / 2014
08.04.2015
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FIFTY SHADES OF JEN
"Je souffre énormément."
Et si Jennifer Aniston tenait enfin le plus grand rôle de sa vie ? Longtemps confondue avec son personnage de Rachel Green dans Friends, puis avec son statut de Mme Pitt (avant d'être l'ex Mme Pitt), on a trop souvent tendance à ne la voir qu'à l'affiche de comédies romantiques. "La faute à qui?" me direz-vous, si ce n'est la principale intéressée. Cela dit, avec Cake, le tir est rectifié. Accompagnée d'acteurs charmants, le talent de celle qui a récemment fêté ses 46 ans se révèle (enfin) sous nos yeux. Jennifer Aniston est enfin une actrice.
Jennifer Aniston est Claire, une femme qui a survécu à un accident de voiture. Si sa douleur physique est perceptible par tous, ses tourments intérieurs semblent bien plus grands. Entre ses colères et son agressivité, son entourage ne sait que faire. Ses amis la fuient, son mari n'ose plus l'approcher et son groupe de soutien la lâche. Par chance, Claire peut compter sur sa femme de ménage Silvana et sur Roy, le mari d'une des membres de son groupe qui s'est récemment suicidée. A partir de ce moment-là, Claire va tenter de comprendre où est la frontière entre la vie et la mort, entre le danger et le salut.
Grand personnage recherche grande actrice
Quatrième film de Daniel Barnz, Cake est très certainement son meilleur. Avec l'aide du scénariste Patrick Tobin, l'Américain réalise en effet un très joli film, plein de bons sentiments et à la réalisation maîtrisée. En échappant au schéma narratif classique, les deux nous emmènent aux confins de la personnalité de Claire, personnage à la fois drôle et cynique. Face à cet énorme puzzle, le spectateur n'a d'autre choix que de tenter de résoudre le mystère Claire, de comprendre pourquoi elle est ainsi, pourquoi ses relations se cassent la figure et pourquoi il n'arrive pas à la détester.
Avec ses métaphores et ses figures allégoriques, Cake transforme une histoire banale, un simple fait divers, en une poignante immersion. Claire est une madame tout le monde qui a perdu un enfant, qui tente de vivre avec ce vide et hésite entre tout lâcher ou se raccrocher à la vie. Si elle n'a rien d'agréable, force est de constater qu'à un moment ou un autre, nous sommes amenés à nous voir en elle, dans ses moments de colère, de totale incompréhension ou de profonde compassion.
Avec sa lumière solaire, ses travellings et ses paysages urbains, Cake égaye son propos. Si le film parle de la vie après la mort d'un proche, il n'en fait pas pour autant quelque chose de glauque ou de malsain. Et c'est tout à l'honneur du scénariste. Sans jamais foncer tête baissée dans le registre pathétique, Patrick Tobin prend le temps d'écrire des dialogues savoureux et de nous laisser apprécier toute l'ampleur de la tristesse de Claire. Un processus important voire vital.
Entre émotion et satisfaction
Entourée de très bons seconds rôles (Adriana Barraza, Anna Kendrick, Sam Worthington ou encore Felicity Huffman), Jennifer Aniston savoure pleinement son heure de gloire. C'est elle que le film met en scène, elle que le spectateur suit pendant 98 minutes, elle que le réalisateur sublime. Et cela, même dans les scènes ou les plans les moins avantageux. L'actrice se laisse guider par ses émotions, assume son corps et évite la caricature. Oui, son personnage est antipathique. Oui, on a du mal à bien le cerner. Mais oui, c'est une énorme bouffée d'air frais qui mettra un sourire sur de nombreux visages.
Certes trop répétitif, Cake a tout de même cette capacité à nous remuer en seulement quelque plans. Pas besoin d'en faire des tonnes, de forcer le trait dramatique ou vouloir toucher le spectateur à tout prix, la symbolique des images est là pour ça. Comme avec ce tableau qui disparaît avant de réapparaître sous la forme d'un cadeau offert par son ex mari (le génial Chris Messina) et qui nous émeut. Les images parlent d'elles-mêmes et il en va de même pour les photos.
Avec ces flash-backs, ces inserts ou bien ce fantôme qui surgit n'importe où et n'importe quand, Damien Barnz dévoile le quotidien d'une femme chez qui rien ne va, mais qui n'a pas encore abandonné. Véritable ode à la vie et à la recherche du bonheur, Cake est un film sérieux et soigné. En admettant le combo sexe + alcool + drogue, ce long-métrage réfléchi et réflexif surprend et ravit.
wyzman
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