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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Dark Places
USA / 2015
08.04.2015
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LA SURVIVANTE
«On m'avait fait toutes sortes de propositions tordues.»
Friand des adaptations littéraires, le cinéma américain nous offre une nouvelle fois un long-métrage tiré d'un roman. Après le superbe et déroutant Gone Girl, c'est autour d'un autre roman de Gillian Flynn, Les heures sombres, de connaître une deuxième vie à l'écran par le réalisateur de Elle s'appelait Sarah (adaptation du best-seller de Tatiana de Rosnay).
Ici encore une fois ce n'est pas le qui a fait quoi qui compte mais le pourquoi du comment. Pourquoi cette innocente famille, sans histoire a été massacrée un soir d'été? Pourquoi la dernière, Libby Day, fut épargnée?
Grâce à des flashbacks qui nous invitent à suivre cette enquête dans le temps, on comprend rapidement que la dimension de sacrifice est placée au cœur du film: ceux de Christina Hendricks qui incarne une mère courage (comme dans Lost River) et ceux des rites sataniques perpétués dans le film.
Parallèlement, Dark Places décortique avec noirceur et finesse cette chienne de vie qui est faite de haut et de bas: l'adolescence difficile d'un garçon incompris, une mère désemparée, des rumeurs de voisinage, véritable arsenic versé dans un verre de cristal près à éclater, les remords d'une jeune femme qui ne sait plus qui croire. Un méli-mélo d'actions qui hélas s'entrechoquent à une vitesse qui perturbe le spectateur. Nous passons du coq à l'âne, parfois un peu trop vite. Le cinéaste nous gave de détails, oublie la fluidité de son récit, développe parfois trop certaines séquences et oublie que l'image peut valoir mille dialogues.
Pesant. C'est cruel de le comparer à Gone Girl.
Pourtant, il s'agit du même procédé que pour le film de Fincher. Le spectateur est balancé au cœur du sujet avec toutes les cartes en main afin de suivre le dénouement de l'histoire, avant de se prendre en pleine face la réalité qu'il n'aurait pu imaginer (sauf ici, elle est assez prévisible surtout si vous êtes un habitué des polars).
Chacun dans son registre, Charlize Theron, Christina Hendricks et Nicolas Hoult et l'ensemble des seconds-rôles sont excellents. A l'instar de son personnage dans Monster, Charlize Theron est dépourvue de maquillage et d'artifice (Dior on adore plus) et retrouve un rôle à sa hauteur. De même, la flamboyante beauté de Christina Hendricks associée à la douceur juvénile de Nicolas Hoult et l'extravagance de Chloe Grace Moretz (une véritable sale gosse) composent un casting complexe et ambivalent. Tout le jeu de Dark Places est ainsi de nous manipuler avec l'image de ses acteurs pour mieux semer le doute et accroitre les faux semblants.
Que l'on s'y attende ou pas, le spectateur est ainsi pris dans un tourbillon de révélations et de rebondissements. Ce qui semblait être une simple histoire de meurtre se mue alors en un sujet multidimensionnel déroutant où la tension est à son comble. Mais à trop jouer avec les twists et à lancer trop de fausses pistes, le film se perd un peu, et n'offre rien d'autre qu'un grand huit, avec ses hauts et ses bas comme nous le disions, dans les ténèbres. Le genre de film où le cinéma provoque davantage des sensations que des émotions ou une réflexion. Un film de genre qui aurait mérité une écriture plus psychologique qu'un style trop figuratif.
Cynthia
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