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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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10.000 km
Espagne / 2015
29.04.2015
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SKYPE IS THE LIMIT
«Il trouvera le chemin.»
Telle la création d'un enfant, le film débute par un orgasme, celui de Sergi et de sa compagne Alex. Cherchant justement à concevoir la vie, le couple se donne au plaisir de la chair ardemment avant de se livrer à un petit déjeuner banal mais plein de complicité. Du toast que l'on beurre pour l'autre, au morceau de pain qu'on essuie au coin de la lèvre, la scène d'introduction est sans nul doute l'une des plus belles et crédibles dans le genre. Rire, sexe, nourriture, quotidien, Sergi et Alex sont fusionnels. Voilà comment le réalisateur nous présente ce jeune couple bien réel. Nous entendons réel car ici il n'y aura pas de musique au violon ou de scènes torrides sous la pluie, mais bel et bien le quotidien chamboulé d'un couple qui représente à sa façon tous les couples.
C'est ce nouveau quotidien que Carlos Marques-Marcet filme à travers différentes journées. Montrant ainsi avec génie la distance et les difficultés qui l'accompagnent, le réalisateur passe au crible le manque, la déshumanisation de la relation à travers le virtuel et les blancs qui surviennent peu à peu par la séparation. Nous sommes en ébullition jusqu'à la dernière minute qui n'est autre qu'un final sans artifices et pourtant réussi avec brio.
A l'instar de son couple "connecté", il conserve une fraîcheur et une drôlerie, bref une légèreté, pour illustrer cette relation à distance, refusant de céder aux scènes convenues ou aux effets à la mode. Tout le monde se retrouvera dans cette chronique amoureuse qui subit le diktat des écrans plutôt que de s'épanouir dans une routine naturelle, où les regards, les sourires, les peaux se rencontrent. C'est simple, sobre, et le réalisateur laisse le couple s'émanciper et occuper l'espace, malgré l'intrusion de l'ordinateur comme substitut puis comme parasite du couple. Comme si la machine était devenue amant(e) malgré eux. Du désespoir qui naîtra, on peut aussi retenir les moments ironiques, la détermination à vouloir garder le lien, la poésie romantique.
La grande étoile du film, c'est Natalia Tena . L'actrice au sourire radieux a cette simplicité et ce naturel nécessaires. Sans ou avec du maquillage, en mangeant, en dansant ou même en jouant de son corps svelte, l'actrice est à l'image du film: réelle, transcendante et sans artifices. Cynthia
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