Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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L'épreuve (Tusen ganger god natt - 1000 Times Good Night)


/ 2013

06.05.2015
 



SUREXPOSITION






"- Je photographie ce que je vois, tu comprends?"

Juliette Binoche (Rebecca), voilée, suit un groupe de femmes dans le désert. L'une d'entres elles se fait laver sous les clichés de la reporter européenne. Tous ceci donne à penser à un préparatif de mariage et pourtant nous sommes bien loin d'un acte festif. Cette femme est une kamikaze et après son bain, on lui colle une bombe. Etre témoin de son époque, braver les risques, s'affranchir de la morale pour offrir LA photo qui nous fera avaler le café de travers en lisant le journal. Jusqu'à prendre conscience de la réalité: des dizaines de morts en perspective. Elle redevient alors citoyenne, veut éviter le carnage et se retrouve au milieu de l'explosion.

Être photographe de guerre a souvent inspiré quelques bons films. Prix spécial à Montréal, Grand prix à Chicago, "Oscar" norvégien du meilleur film, L'épreuve est un film déséquilibré entre le métier, passionnant, de Rebecca, et le mélo, moins captivant, autour de sa famille. Le péril de mourir et le confort de la vie. Le drame est donc à la fois haletant et flou, saisissant et psycho-mélo. Ainsi, juste après cette séquence d'ouverture aussi dure que réaliste, nous sommes plongés dans un songe qui symbolise ostensiblement la (re)naissance du personnage. Les limbes de l'existence. Cette opposition continuelle entre un mode de vie nomade, palpitant, dangereux et un monde banal, entre routine du quotidien et sédentarité subie, n'apporte rien puisque, rapidement le metteur en scène choisie à la place de son personnage, lorsque Rebecca, qui veut retisser un lien avec sa fille, se retrouve au milieu d'un camp de réfugié en Afrique de l'Est, alors qu'un conflit va éclater durant leur séjour. L'intrigue se passe sur les difficultés d'insertion de cette mère courage qui doit faire face aux regards de sa famille qui vit constamment avec la peur qu'elle prenne les derniers clichés de sa vie. A défaut de clichés, voici une fiction totalement romancée pour ne pas dire fantasmée. Il n'y a rien de crédible, mais peu importe. Il s'agit d'une parabole sur la place d'une femme dans la société, sur l'émancipation individuelle au détriment du noyau familial, etc...

Sa fille Stephanie est un personnage crucial, elle sert de clé pour la guérison de Rebecca. Sa fille rêve de faire le même métier tout en ayant peur d'y perdre sa mère. Passion partagée, mots inavoués, Stephanie et Rebecca représentent à elles seules la génération des mères/filles qui partagent tout et se cachent beaucoup. Qui hésitent entre le schéma "conventionnel" et la liberté de tracer leur propre voie.
Lauryn Canny (Stephanie), véritable révélation de ce film, émotive et lumineuse, nous captive davantage que la succession de dilemme, entre états d'âme assez classiques et mises en danger trop extrêmes. Naturelle, Binoche a la foi nécessaire pour faire passer ses tourments, même si parfois elle frôle la caricature du photographe "tel qu'on l'imagine".

Entre passion et amour, souffle coupé et romanesque trop assumé, L'épreuve embrase jusqu'à son feu d'artifice forcément explosif dans le final. La sensibilité de l'ensemble, qui rappelle les films de Lasse hallstrom, laisse place alors à l'effroi, malgré des schémas trop classiques dans la narration.
 
Cynthia

 
 
 
 

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