Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Hyena


/ 2014

06.05.2015
 



ALCOOL, CRIMES ET NARCOTIQUES





« Le futur du thriller a un nom : Hyena » dixit l’esthète Nicolas Winding Refn. Et en effet Hyena vaut le détour. La première séquence fait entendre une musique planante: un homme dans une voiture, rejoint par trois autres qui se préparent à rentrer dans une boite de nuit par une porte de service - gilet pare-balle, et casquette de police. La minute d’après leur descente devient un champ de bataille où ils tapent sur tout le monde; Il n’y a plus personne dans la place et il ne reste que ce qu’ils étaient venu prendre: de l’argent et de la drogue. On ne sait pas encore si ces flics ont des méthodes de voyous où s'ils sont des ripoux. Tout le film va dévoiler leur vrai visage.

Le cinéma anglais a toujours su proposer des films où des figures de hors-la-loi se renouvellent dans des fictions détonantes (Arnaques, crimes et botanique ou Transpotting) ou stylisées (Layer Cake ou Kill List), où l’on découvre une autre jeunesse (kidhulthood ou Ill manors) ou une autre facette de la ville (Cherry Tree Lane ou Harry Brown)… Mais depuis The Sweeney avec Ray Winstone, rares sont les films venus d'Outre-manche pour confirmer ce principe avec brio.
Le réalisateur Gerard Johnson arrive donc avec son film Hyena où il nous raconte l’histoire d’une bande de policiers borderline. Il n’est plus question de franchissement de la ligne jaune de la Loi puisqu’ils agissent selon leur loi, en sniffant des lignes blanches. Ce voyage en immersion dans une Londres interlope, criminelle, sulfureuse, où trafics de drogues et d’êtres humains sont monnaie courante, est en quête d'authenticité, avec caméra collée aux acteurs, portée à l'épaule. Tout devient plus vif et plus brutal. Un tableau naturaliste qui fait écho aux films noirs. Hyena se révèle un polar où une scène sanglante est violente moins pour ce qu'elle suggère que pour ce qu'elle va amener. Le héros va faire des choix qui vont mettre en danger autant son couple que ses collègues… Et met le spectateur en position de partisan, redoutant chaque choix.

À la fois réaliste et excessif, le film met en contradiction le héros dans ses deux mondes : celui de la police (où il est surveillé) et celui d’une mafia (pas tendre, menaçante). Le réalisateur souffle ainsi le chaud et le froid, alternant les forces et les faiblesses de ses personnages, subissant une précarité sociale, un manque de reconnaissance, perméable aux pertes de valeurs, aussi paumés que la ville est sordide. Cette descente aux enfers inéluctable, fatale même, donnerait même le vertige tant la réalisation met en scène cette déchéance comme une transe en pleine rave party.
En plaçant finalement son héros en étau entre le bien et le mal, jamais superhéros mais toujours sous estimé, Gerard Johnson oblige le spectateur à se mettre en apnée, et ainsi retenir son souffle. Quelques images perturbantes ont conduit à une interdiction aux moins de 16 ans, parce que les nerfs des spectateurs sont mis à l’épreuve. Car, sous le vernis très stylisé, très esthétique (avec quelques ralentis sublimant de manière outrancière la violence), se cache un regard sec et froid sur une société qui se trahit continuellement. La fable ne manque pas de forme. Mais il ne faut pas oublier qu'elle ne manque pas de gueules non plus: Peter Ferdinando, Stephen Graham, Neil Maskell, Richard Dormer, Tony Pitts, Elisa Lasowski, Myanna Buring… de quoi nous prendre aux tripes.
 
Kristofy

 
 
 
 

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