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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Goodnight Mommy (Ich seh, ich seh)
Autriche / 2014
13.05.2015
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Deux petits garçons dans une forêt s’amusent à des jeux d’enfants, leur maison est une grande bâtisse plutôt luxueuse isolée dans les bois. Cet environnement champêtre semble tellement idyllique que évidement on s’attend à quelque chose de bizarre. Il n’y a plus de papa comme cela peut arriver, et la maman revient au domicile avec une partie de la tête recouverte de bandage. « Elle est différente » comme le remarque un des enfants, et l’étrangeté s’installe. Est-ce qu’il s’agit bien de la maman d’avant ?
Goodnight Mommy est co-réalisé par le duo Severin Fiala et Veronika Franz, cette dernière était d’ailleurs scénariste sur les derniers films de l’autrichien Ulrich Seidl (qui est ici producteur). Les personnages avec des failles à décrypter, ça les connaît.
La mère a beau expliquer que son retour avec ses bandages est normal après son opération de chirurgie esthétique, un des deux garçons ne la retrouve pas comme il imagine qu’elle devrait être. Ils recueillent un petit chat mais celui-ci disparaît, et si c’était la maman ? Les deux têtes blondes à l’imagination délirante se concertent et doutent, est-ce que cette femme est vraiment leur mère ?
« On veut que maman revienne…»
Depuis sa présentation au festival de Venise Goodnight Mommy s’est révélé comme le petit film qui fait sensation et récolte des prix dans d’autres festivals à tonalité fantastique comme Stiges (Méliès d’argent), Gérardmer (Prix du jury jeunesse et Prix du jury Syfy), Bruxelles (Corbeau d’Argent ex-aequo). En fait le film repose sur une certaine ambiance étrange où presque tout pourrait arriver avant un twist final qui relie entre eux les quelques indices révélateurs et en même temps trompeurs sur la clé du mystère. Les deux petits garçons blonds au visage angélique vont progressivement se révéler être plutôt maléfiques. L’étrangeté va devenir inquiétante puis oppressante, jusqu’à plusieurs minutes de torture sadique pouvant mettre mal à l’aise les plus sensibles.
« S’il te plait, prouve que tu es maman… »
La mise en scène laisse le spectateur devant des plans larges de la nature à l’extérieur ou de l’intérieur de la vaste maison, dans cet environnement il n’y a que les deux enfants et la femme avec des bandages sur la tête. Aucun secours n’est à attendre de l’extérieur, il va y avoir confrontation. Cette situation de huis-clos est bien évidement propice à de nombreuses interrogations, et quand par hasard une autre personne extérieure à la famille passera par hasard, elle partira sans se douter que l’implosion est imminente. La cellule familiale avec son évidence d’amour inconditionnel entre enfant et maman est perturbée, et c’est ce dérangement à priori contre-nature qui distille un certain malaise chez le spectateur. Le titre original est d’ailleurs plus explicite, ich seh, ich seh (je vois, je vois), il y a deux points de vue sur la situation. Un garçon se persuade que cette femme ne serait pas sa maman, et elle veut le persuader que c’est bien elle. Quelque chose n’est plus comme avant, il s’est passé un évènement dramatique dans le passé qui a été trop pénible et qui affecte désormais le présent…
Les pièces du puzzle sont là et le déroulement du film tel qu’il est montré fait qu’elles s’assemblent d’une certaine façon pour raconter une histoire avant que l’on se rende compte que certaines pièces étaient dans le mauvais sens. Laissez vous (mal)mener par Goodnight Mommy et son secret, et surtout ne le révélez pas à ceux qui n’auraient pas encore vu le film !
Kristofy
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