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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Après vous...
France / 2003
17.12.03
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L'INSOUTENABLE LÉGÉRETÉ DE L'ÊTRE
" -Alors, comment vous le trouvez ce poulet ?
- Mort."
Disons le tout net, Après vous… est ce qu’on appelle une comédie réussie. Et ce n’est pas chose simple si l’on repense aux moult films poussifs proclamés drôles et dont l’éprouvante vision provoque inévitablement des poignants soupirs de désespoir affligé (Le Boulet rangé dans La Boîte qui se trouve dans Le Placard pour en citer quelques exemples primesautiers). Non, ici, nulle lourdeur ne vient entacher cette jolie comédie séduisante. Après vous… fait rire. Vraiment. Fidèle au style employé dans ses précédents films (film noir excepté bien entendu), Pierre Salvadori continue de nous enchanter par son humour original et aérien et par ses personnages lunaires en demi-teinte, mi-drôles, mi-désespérés.
Avant tout, le film détient un efficace ressort comique : un irrésistible tandem interprété par des acteurs formidables. D’un côté, Daniel Auteuil campe un bienfaiteur maladroit qui se donne un mal fou pour remettre sur pieds un incorrigible suicidaire. De l’autre, José Garcia interprète avec génie ledit dépressif en proie à une souffrance existentielle inénarrable. Ce brillant duo donne lieu à des scènes quasiment extravagantes frôlant le burlesque (l’entretien d’embauche du sommelier et la scène de la grand-mère notamment). Le film, très centré sur ce terrible tandem dans la première partie, s’ouvre ensuite avec l’arrivée de Blanche, personnage lumineux interprété par Sandrine Kiberlain dont le jeu, empreint de subtilité et jonglant sans cesse avec les ruptures, s’inscrit parfaitement dans l’univers du réalisateur.
La dimension drolatique du film n’est pas la seule qualité d’Après vous…. Loin s’en faut. En plus d’être drôle, le film est réellement émouvant et bien construit. Pierre Salvadori a su parler d’une situation presque banale (un homme tombe amoureux de la femme qu’aime son ami) tout en évitant les écueils de la comédie grossière et cousue de fil blanc. Il a joliment filmé l’avènement des émotions et des sentiments de ces personnages un peu perdus dans des évènements quelque peu chaotiques. Grâce à un récit tout en pudeur, le cinéaste a trouvé un bel équilibre entre le très drôle et le très émouvant (on n’échappe pas à la petite larmichette qui pointe au coin de l’œil à la fin…). Parce que ces personnages, débordants d’une humanité touchante, sont inévitablement attachants.
Par rapport aux précédentes comédies de Pierre Salvadori, Après vous… est plus abouti. Le cinéaste ne s’est pas contenté de filmer des personnages lunaires embarqués dans une histoire farfelue et dans une succession de scènes cocasses. Le scénario, plus riche, et certainement grâce à sa dimension romanesque, permet au film de gagner en profondeur et en émotion. Pierre Salvadori réussit là un savant mélange d’humour, d’ironie, de burlesque et de tendresse. Même si l’on peut regretter que par moments (rares, disons le tout de même), le film s’enlise un tantinet et que certaines scènes n’aient pas été un peu plus coupées au montage, Après vous… est un petit bonheur à ne pas rater. Laurence
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