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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Adaline (The Age of Adaline)
USA / 2015
22.05.2015
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UNE VIE SANS FIN
"Les années, les amants et les verres de vin sont des choses que l'on ne devrait jamais compter."
Ne nous mentons pas, Adaline avait tout pour se casser la figure. Entre un premier rôle (Blake Lively) sexy à souhait mais pas forcément inattaquable, un réalisateur (Lee Toland Krieger) inconnu au bataillon et des scénaristes (J. Mills Goodloe et Salvador Paskowitz) aussi célèbres que reconnaissables, on craignait le pire. Mais force est de constater que le résultat est bien meilleur que tout ce que nous espérions.
Mélange des genres
Adaline est une œuvre hybride. Avec sa voix-off didactique et ses explications scientifiques, on pense à du fantastique. Devant le destin de cette femme coincée à l'âge de 29 ans, on s'attend à voir des drames, beaucoup de drames. Et en même temps, son histoire d'amour avec le bel Ellis suit le schéma de n'importe quelle comédie romantique. Alors oui, Adaline est tous ces genres et un peu plus. En voulant rendre le récit crédible, la production a opté pour des explications rationnelles et scientifiquement convaincantes. Le spectateur se prend au jeu, est agréablement surpris et finir émerveillé.
Grâce à cette voix-off parfois trop présente, les scénaristes nous font plonger dans le quotidien de la belle Adaline Bowman, un personnage beau à l'intérieur comme à l'extérieur. Sans forcer le trait, le film fait d'Adaline une héroïne tout ce qu'il y a de plus moderne. Emprisonnée dans son propre corps, elle grandit, évolue devant la caméra et nous fait réfléchir sur notre appréhension des relations, de l'amour et du bonheur. Son parcours a tout de l'initiation, sans l'être complètement : Adaline veut se protéger, veut protéger sa fille et veut protéger les hommes qu'elle aime. Parce qu'elle en a vu des vertes et des pas mûres, elle se comporte en vraie féministe, tout en faisant attention de ne jamais blesser les hommes qui croisent son chemin et dont elle tombe amoureuse.
Finesse et justesse
Sublimée par la caméra de Lee Tolan Krieger, Blake Lively prend ici son envol. Et il faut reconnaître que le rôle lui va comme un gant. Avec ses tenues furieusement branchées, ses airs de bourgeoise frivole et son penchant pour les relations compliquées, Adaline n'est pas sans rappeler un autre personnage que Blake Lively a campé pendant 5 ans : Serena van der Woodsen de Gossip Girl, riche héritière de l'Upper East Side. Si la comparaison était inévitable, la transition se passe à merveille. Le jeu de l'actrice ne semble pas avoir énormément évolué (elle nous ressort sa moue bouseuse et son fameux pincement de la lèvre inférieure), mais on ne peut que tomber sous le charme.
Face à elle, les personnages dits secondaires ne sont pas en reste. A commencer par Harrison Ford. Alors qu'on s'attendait à le voir crever l'écran et se réveiller de sa léthargie cinématographique, son interprétation est pleine de retenue. Son visage en dit ainsi davantage que sa bouche, même quand les lignes de dialogue sont très parlantes. Aidé par procédés techniques parfois peu subtils (musique qui va crescendo, flash-backs incessants, voix-off grisante), son personnage de beau-père et d'amoureux transi (de l'Adaline des sixties) est la grosse surprise du film, l'élément qu'on n'avait pas vu venir.
Et comment passer outre la présence de Michiel Huisman ? Le néerlandais qui a fait le bonheur des téléspectatrices de Game of Thrones la saison dernière est ici au meilleur de sa forme. Dans le rôle d'Ellis, le garçon qui va tomber fou amoureux d'Adaline (version 2014), il s'amuse, prend son pied et nous amuse. Qu'il feigne de préparer à manger ou qu'il court après sa dulcinée, l'acteur de 33 ans retient toute notre attention et fait agréablement monter la température. Quant à Ellen Burstyn et Kathy Baker, elles apportent un certain cachet dont le film se serait difficilement passé. Un bon point pour les producteurs.
Avec son récit peu linéaire, ses dialogues qui font mouche et ses plans d'une beauté indéniable, sans parler des effets spéciaux utilisés avec une maîtrise et une pertinence rares, Adaline est sans doute le meilleur mélodrame de cette première partie d'année. Sans se prendre pour un grand film, celui-ci nous surprend et nous fait rêver. Et qui sait, il pourrait même nous faire redéfinir le sens du véritable amour.
wyzman
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