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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Entourage
USA / 2014
24.06.2015
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SEX & THE FRIENDS
"Tu vas découvrir les joies du divorce. L'enculage à sec, à côté c'est rien !"
Entre 2004 et 2011, Vincent "Vince" Chase et sa bande nous ont fait sourire et rire alors même qu'ils tentaient de se faire une place dans la jungle hollywoodienne. Pour l'adaptation au cinéma de sa série Entourage, le réalisateur et scénariste Doug Ellin se sont faits plaisir. Et pas qu'un peu! Mais est-ce partagé?
D'informations capitales, tu te passeras
Bien qu'Entourage se soit achevée sur HBO en 2011, l'action du film se déroule 6 mois après la fin de la série. A l'inverse de Sex & the City, autre série HBO adaptée sur grand écran, Doug Ellin n'a pas jugé nécessaire de nous faire une brève introduction catchy qui permettrait à tous ceux d'entre nous qui n'ont pas suivi la série de comprendre les personnages. Outre le mauvais scénario, le spectateur est livré à lui-même. Par chance, l'histoire est simple (Ari est désormais patron d'un studio de cinéma) et les ressorts scénaristiques sont inchangés. Ari gueule, Vincent joue de son charme, Eric se plaint, Johnny geint pendant que Turtle sourit à tout-va. Bref, du grand cinéma !
Complètement largués face aux private jokes des personnages, nous restons pantois, persuadés que le meilleur est à venir et que l'on finira par mieux appréhender ces hommes. Car oui, Entourage est une série pensée par et pour les hommes. Et c'est un problème. Nous ne sommes plus en 2011, le monde a changé, notre mentalité a bien évolué (tout va plus vite puisqu'on vous le dit) et voir les cinq garçons traiter les femmes de la série et du film comme de vulgaires bouts de viande pose problème. Doit-on passer outre toute décence, voir le film comme un véritable guilty pleasure et savourer tous ces seins ou être gêné face au caractère incongru d'une œuvre qu'on n'a pas jugé utile de nous vendre telle qu'elle est : racoleuse, vulgaire et insoutenable.
Hollywood, tu représenteras
La décennie dernière, Entourage révolutionnait le format court grâce à cette bande de potes complètement débiles mais follement attachants. Peu inspiré, Doug Ellin puise une nouvelle fois du côté de la camaraderie mais n'apporte rien de nouveau, rien de frais, rien d'intéressant. Les cinq garçons ont les mêmes discussions inutiles (filles, sexe, argent) et les mêmes problèmes inintéressants (filles, sexe, argent). Alors que la série avait pour elle sa courte durée qui nous donnait envie de revenir semaine après semaine, le film atteint rapidement le point de non-retour et écœure.
Persuadé que le film sera un one-shot, Doug Ellin a tenté de tout y mettre : ses amis, ses mentors, ses inspirations, ses coups de cœur et un peu de lui-même. Voilà donc pourquoi, pendant 1h44, c'est à du name-dropping obscène que nous assistons, et non pas à un film. Kid Cudi, Bow Wow et Emily Ratajkowski poursuivent ici leur carrière d'acteur tandis que Liam Neeson, Jessica Alba, Jon Favreau, Pharrell Williams et Thierry Henry y font un caméo. Producteur de la série et du film, Mark Wahlberg ne peut s'empêcher d'y faire une apparition et d'évoquer Ted 3. Tiens, c'est étrange, Ted 2 sort le 5 août prochain !
Aux excès, tu cèderas
Au niveau des dialogues aussi il n'y a que des références (pop) culturelles : Real Housewives, Britney Spears, Scarlett Johansson ou encore Drake. Le film ne se nourrit que de ça, de la notoriété des personnalités et des marques auxquelles il fait référence. Et cela fait peine à voir. Trop de branding, ça fait un peu branling. A l'écran, Cadillac et Ferrari s'affrontent tandis que dans nos oreilles, DJ Snake, Pharrell Williams (encore) et Tame Impala tentent de s'imposer. Finalement et précisément comme le faisait Cinquante nuances de Grey au début de l'année, Entourage se regarde comme une longue et abjecte pub vantant un certain style de vie complètement aberrant.
Parce qu'il n'entre jamais dans le vif du sujet et parce que les blagues salaces sont poussées à l'extrême, Entourage déçoit forcément. On aurait aimé voir des hommes qui ont grandi, des personnages qui ont mûri, des discussions qui ont progressé. Mais rien de tout cela n'a eu lieu et c'est avec énormément de tristesse que l'on se désintéresse des péripéties de Vincent. Car en plus de tourner autour d'Emily Ratajkowski, ce long-métrage s'achève une note plus qu'invraisemblable… Comment Johnny pourrait-il un jour remporter un Golden Globe ?
Entourage est complètement dispensable (pour les fans comme pour les non-initiés). Et si le film a réalisé un mauvais démarrage aux Etats-Unis (10M$ de recettes pour son premier week-end malgré un budget de 30M$ hors marketing), c'est sans doute parce que la série se suffisait à elle même, ancrée dans son époque, son genre, son style. wyzman
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