Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Dior et moi (Dior and I)


France / 2014

08.07.2015
 



LE DIABLE S'HABILLE EN DIOR





"Et de temps en temps, une petite révolution, sans effusion de sang."

Trois ans après le documentaire Diana Vreeland : The Eye Has To Travel consacré à l'ancienne rédactrice en chef du Vogue américain, le français Frédéric Tcheng revient avec un magnifique documentaire. Très tourné vers l'Atlantique, son nouveau film rend hommage à une maison de couture bien française et à un styliste bien français, j'ai nommé Dior et Christian Dior.

Amour, gloire et scandale

Le documentaire débute lorsque le styliste belge Raf Simons est nommé directeur artistique de la maison Dior, suite aux propos antisémites de John Galliano qui ont causé son renvoi. Les présentations sont faites à la va-vite car le temps presse : il reste 8 semaines avant le défilé automne-hiver 2012/2013. Et malheureusement pour lui, ce genre d'événement ne se décale pas !

Avec beaucoup de succès, Frédéric Tcheng nous plonge, spectateurs, dans la même urgence que Raf Simons. Prendre ses marques, connaître les personnes avec qui il va être en contact direct, se faire à son nouveau poste, s'adapter aux exigences de la marque, créer toute une collection de vêtements haute couture. Tels sont les objectifs du nouveau DA de Dior qui a la chance de pouvoir compter sur son fidèle assistant, Pieter Mulier. Véritable homme de la situation, Pieter fait tout ce que Raf ne peut ou ne veut pas faire - lui volant de temps en temps la vedette - et cela avec beaucoup de classe et sans jamais rechigner.

Petites et grandes mains

Mais si le nom de Raf revient régulièrement, cela n'en fait pas pour autant le personnage principal de ce documentaire glamour à souhait. Dior et moi revient, grâce à des citations des mémoires de Christian Dior (Dior et moi), sur l'esprit même de la maison et sur le combat qui animait son fondateur. Partagé entre son moi intérieur et sa figure publique, Raf Simons s'y retrouve parfaitement et nous aussi. Alors non, nous n'avons pas l'aura des beautiful people montrés à l'écran, mais la distinction est savamment mise en scène et donc parlante.

Au-delà des gens connus, Dior et moi donne également la parole à celles que l'on appelle encore trop souvent les petites mains, les ouvrières qui travaillent littéralement jour et nuit dans l'atelier. Souvent fières de participer au projet, elles viennent ponctuer Dior et moi d'anecdotes croustillantes et drôles, parfois même très profondes. Jamais dévalorisées ou excessivement mises en avant, Frédéric Tcheng pointe grâce à elles l'un des aspects majeurs de la haute couture - et du cinéma par la même occasion. Il y a ceux que l'on voit penser et ceux que l'on oublie de montrer pendant le processus de création.

Ainsi, Raf Simons (aidé de son équipe artistique) se creuse les méninges pour marquer le coup, c'est-à-dire réussir le défilé le plus important de sa carrière. Et à côté, ou plutôt en même temps, les femmes de l'atelier menées par Florence Chehet et Monique Bailly, cousent, repassent, papotent et créent.

Entre apparitions et disparitions

Grâce à une voix-off très agréable et des procédés de surimpression, Frédéric Tcheng met en scène le fantôme de Christian Dior dans les ateliers, une idée pas si bête que ça puisqu'elle structure le film. Si la question du "scandale Galliano" n'est que rarement soulevée, le spectateur s'en remet très vite. Dior et moi vante les mérites de l'une des plus anciennes marques françaises, alors à quoi bon revenir une fois de plus sur ses heures sombres ? Commandé par le service de communication de Dior, Dior et moi n'est pas pour autant un simple publireportage made in LVMH. Sobre mais stylé, il est avant tout à l'image de la marque, de son fondateur et reflète l'esprit de son nouveau directeur artistique. (Et au passage, on vous le répète, Raf Simons n'est pas un minimaliste !)

Le final, extraordinaire, grandiose et somptueux est marqué par les larmes de Raf Simons. A l'approche du défilé et alors que la pression n'a jamais été aussi grande, il craque l'espace d'un instant et nous avec. Classe même au pire moment, l'homme se révèle enfin vulnérable et d'autant plus attachant. Bien évidemment, ce que les fashionistas retiendront, ce sont certainement les caméos des égéries de la marque Jennifer Lawrence, Marion Cotillard et Sharon Stone, des papesses de la mode Anna Wintour et Grace Coddington et des stylistes Donatella Versace, Marc Jacobs et Kris Van Assche. Rien que ça !

Pendant 1h30, ce sont des étoiles dans les yeux que nous met Frédéric Tcheng. Sans jamais camoufler ou minimiser les disputes, son Dior et moi est un petit bijou de cinéma, un film que l'on ne saurait que trop vous recommander. Car en plus de rendre un sujet aussi lisse qu'un défilé de mode passionnant, le documentaire s'accompagne d'une merveilleuse bande son (F.U.S.E., The xx, Caribou, The Knife…) !
 
wyzman

 
 
 
 

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