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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Une mère
France / 2015
24.06.2015
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UNE FAMILLE A OUBLIER
"Il m’en a tellement fait qu’ils peuvent le garder, ça ne me fera rien."
Bavard, outré et peu crédible, le nouveau film de Christine Carrière donne l’impression qu’il est arrivé quelque chose de grave à la talentueuse réalisatrice et scénariste de Rosine, Qui plume la lune et Darling. Pourquoi avoir choisi de se fourvoyer dans cette histoire de conflit mère/fils à la fois mal écrite, mal filmée et mal jouée ? Mystère. Toujours est-il que la cinéaste enfonce l’une après l’autre les portes ouvertes : situations mal posées, personnages stéréotypés, rebondissements calamiteux, dialogues risibles, intrigue cousue de fil blanc… On ne comprend jamais pourquoi cette mère au bout du rouleau (et qui aurait pu faire un personnage de cinéma très sensible) refuse systématiquement de se faire aider et choisit systématiquement les mauvaises options : mentir pour protéger son fils (qui lui fait peur et pourrait accessoirement être complice de meurtre), rejeter tous ceux qui pourraient être un soutien, se laisser terroriser sans réagir.
Soit le personnage est mal écrit, soit c’est celui du fils (dont le film passe 90 minutes à nous convaincre qu’il est dangereux, fou et irrécupérable, avant de montrer dans les dix minutes restantes qu’en fait, c’est juste un ado normal un peu perturbé), mais quoi qu’il en soit, il y a un vrai problème de scénario. D’autant qu’en plus de ne jamais savoir comment esquisser cette relation mère/fils conflictuelle, Christine Carrière l’éclipse régulièrement par l’histoire d’amour sans intérêt entre la mère et son ancien amant. Il n’est jamais agréable de tirer sur une ambulance, mais il faut malheureusement ajouter à cela une mise en scène qui souligne perpétuellement l’action et une musique tour à tour lénifiante et outrée.
C’est un peu comme si tout, des répliques aux acteurs, en passant par la caméra et l’orchestre, avait décidé d’en faire des tonnes. C’est lourd, indigeste et affligeant, surtout si on compare le film à La tête haute, dont l’idée de départ est proche. Tout ce qui est âpre et percutant chez Emmanuelle Bercot est insipide et naïf chez Christine Carrière. Tout ce qui est documenté chez la première (et notamment les relations avec le monde judiciaire et médical) est fantaisiste chez la seconde. Tout ce qui sonne juste dans le parcours de Malony paraît artificiel et peu crédible dans celui de Guillaume, et ainsi de suite. Par respect pour l’œuvre antérieure de Christine Carrière, on a juste envie d’oublier très vite cette mère dépassée sur tous les plans.
MpM
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