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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Gunman (The Gunman)
USA / 2015
24.06.2015
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SEAN BEIGNES
Il y a plusieurs manières de voir Gunman. En tant qu’adaptation d’un classique du polar signé feu Jean-Patrick Manchette, et adapté en BD par l’immense Jacques Tardi. Ou comme un thriller hollywoodien.
Si on prend le premier angle, on sera aussi déçu qu’après avoir vu la première adaptation du roman La position du tireur couché, Le choc (1982), avec un Alain Delon qui tirait la couverture tellement vers lui que c’est devenu un film de genre daté et égotique. Ici, il ne reste plus grand chose de la solitude dépressive du personnage du roman, de cette mélancolie presque atone, de la brutalité âpre qui se dégageait de ses pulsions d’adrénaline pour survivre. Pierre Morel a estompé toute aspérité. Comprendre : le film est aussi banalisé que lissé. Les ingrédients insérés pour moderniser le récit (dans la forme plus que dans le fond) trahissent plus qu’ils n’enrichissent l’histoire originale. Cela devient, au final, un thriller hollywoodien classique.
Ce qui nous amène au second angle. Car, aussi infidèle soit cette adaptation, elle peut briller du côté de l’action. Las, même si Sean Penn a pris du muscle, cela ne suffit pas à nous faire triper. Déjà il y a une forme de déjà vu qui ne permet pas d’être captivé. Un tueur à gages repenti qui doit reprendre les armes pour sauver sa peau, on en a connu beaucoup ces dernières années, avec plus ou moins de variations : Clooney dans The American, Damon en Jason Bourne, De Niro dans Malavita, Willis dans la suite de Mon voisin le tueur, etc… sans oublier Liam Neeson dans la franchise Taken, du même Pierre Morel. Cette impression de redite ne s’améliore pas avec « l’internationalisation » de la chasse à l’homme, qui ressemble à un cumul de miles aérien pour le plaisir.
Mais contrairement à Taken, qui bénéficiait d’un format assez court et d’une tension artificielle assez maîtrisée, Gunman apparaît juste comme une succession d’effets de styles sans singularité. Sean Penn aura beau exhiber son torse sportif, les flingues auront beau fracasser les oreilles, Bardem aura beau s’amuser à se parodier : rien n’y fait, le film reste scotcher à son statut de série B du samedi soir. Aucun humour, ni même de dérision, et surtout de vieux plats resservis pour nous gaver jusqu’à la femme qui sert d’enjeu entre les deux coqs.
La caution humanitaire et engagée ainsi que l’apparition de Idris Elba au deux tiers du film ne suffiront pas à nous réveiller de notre torpeur. Produit de consommation, dénué de personnalité, Gunman multiplie les plans pour éviter un quelconque parti de mise en scène. Cela vire au carnaval, truffé d’invraisemblances.
vincy
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