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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Une seconde mère (Que Horas Ela Volta?)
/ 2015
24.06.2015
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LUTTE DES PLACES
«Tu peux pas m'appeler maman?»
Un genou sur lequel poser sa tête, une main qui caresse nos cheveux, une confidente à qui parler voilà quelques-unes des préoccupations d'une mère. Val fait tout cela pour Fabinho qui n'est pas son fils mais celui de ses employeurs (elle est la "bonne"). L'adolescent semble plus proche d'elle que de sa mère biologique, une véritable fusion émane de ce drôle de couple.
Elle ne l'a peut-être pas mis au monde mais Val s'occupe de ce petit bonhomme comme s'il était sa chair...u ne mère de cœur n'est-elle pas plus forte qu'une mère de sang? Lien d'autant plus exploité par la condition sociale dans un Brésil où les riches confient leurs enfants à des nounous à temps plein. Condition dénoncée sans jugement pour autant par la réalisatrice qui s'amuse à ajouter à l'intrigue une fille à cette mère par procuration, une fille qu'elle n'a pas vue depuis 10 ans à cause de son travail. Chacun cherche sa place, qui n'est pas forcément celle convenue par le modèle "bourgeois" établi.
Cette comédie subtile et douce est un joli coup de maître. Entre humour et émotion, ironie et douceur, le film prend aux tripes comme un bon feel-good movie, aussi grinçant que charmant.
Car derrière cette histoire lumineuse, solaire même, il y a une critique implacable de l'exploitation des gens. Le film dénonce, conteste même, cette société où les gens sont hiérarchisés en fonction d'un rôle. Même si Val se sent chez elle, même si ses «patrons» lui répètent qu'elle est chez elle, tout cela n'est qu'illusion. Cette illusion est happée par des regards de domination, par une manière de demander quelque chose, par les allers-retours de la caméra entre la petite chambre de bonne et le reste de la (grosse) maison. Ce huis-clos luxueux semble davantage la prison d'une esclave.
Touchant et moral, dans le bon sens du terme, Une Seconde Mère c'est aussi un regard sur le monde, sur la société, sur l'humain qui donne à réfléchir. Aussi révolté que tendre, le film nous berce et nous emporte. Cynthia
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