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SI TRONIONS
«Trouvez un maître c’est facile. Le garder c’est plus compliqué. »
Moi, moche et méchant ne mérite aucun mépris, n’est ni moche ni méchante et, finalement, s’avère une satire de la stupidité humaine.
Despicable Me. Ils sont jaunes, ressemblent à des saucisses, ont tous un signe distinctif, sont aussi crétins que les Lapins d’Ubisoft, aussi attachants que les noiraudes laborieuses de Miyazaki.
Là nous sommes dans la naissance cinématographique, dont le père est un animateur français Pierre Coffin, qui par ailleurs donne sa voix à toute la tribu (un mix de mots italiens, français, espagnols et japonais). Le film démarre par un long prologue qui nous fait revivre le darwinisme des Minions, depuis l’aube des temps jusqu’en 1968, où l’histoire prend place. La date n’est pas innocente puisque c’est l’époque de l’enfance de Gru, leur futur maître. Les véritables racines des Minions sont, comme pour nous autres, cellulaires et aquatiques. La particularité est qu’ils ne sont attirés que par les dominateurs plus forts, les plus moches, les plus méchants. Créatures préhistoriques aquatiques ou terrestres, Tyrannosaure Rex, Pharaon, Vampire, Napoléon, Yetis… Tout se termine immanquablement de la même manière : ces abrutis de Minions sont maladroits et poussent leurs maîtres à leur perte ou défaite. S’ensuit alors une longue Retraite (de Russie). Cette introduction est assez jouissive, et ce, dès l’arrivée du logo Universal, chanté par les voix des Minions, a capella.
Mais l’histoire commence après. Et le récit qui suit n’est pas constamment au même niveau de délire. Entre New York, les marécages d’Orlando (avant que Disneyworld ne s’y installe) et Londres, ce film de casse pour gamins (3-12 ans, cible marketing idéale pour les produits dérivés) multiplie les clins d’œil (Moomins, Trois petits cochons, Inspecteur Gadget, Spider-man, le Roi Arhur, Mister Bean, Alice au pays des merveilles, Godzilla…) dans un mélange de scènes convenues et de gags plus déjantés, ponctués de scènes d’action bien foutues mais déjà vues. Dans ce domaine, l’ingéniosité de Shaun le mouton nous revient alors comme un boomerang et nous rappelle que l’excès ne nuit pas forcément à l’humour ou à l’efficacité.
Pourtant ces Minions nous amusent, même si leur film n’est pas assez inventif. Le scénario est trop banal pour nous emballer réellement. Cependant, leur langage sans queue ni tête et leur(s) bêtise(s) font sourire. Leur sens de l’amitié et de la fidélité les rend touchants face à une Cruella bipolaire. Et puis, la bande son est une merveille : John Lennon, Jimi Hendrix, The Who, The Kinks, Van Halen, The Turtles, The Doors… De quoi ravir les oreilles. Car si l’image est soignée, la technique parfaite, le récit (trop) cadré, les personnages irrésistibles, c’est bien l’oral qui séduit. La musique qui nous fait voyager dans le temps et leur langage qui abolit tout rationalisme. Bizarrement, on comprend le sens de leur « gloubiboulga » sémantique. Mais en prenant comme vedettes des êtres que personne ne comprend, le film prend son plus grand risque (et en tire sa plus grande réussite), rappelant la folie d’un Peter Sellers ou d’un Louis de Funès énervé. Les Minions révèlent alors leur vraie nature : celui de nous procurer un plaisir régressif assez enthousiasmant (le même que provoque une banane à un Minion) tout en se moquant des humains, assez bêtes pour faire confiance à des saucisses sur pattes immensément serviables. Car ce sont bien les humains dont on rigole : cupides, égocentriques, mégalomanes, névrosés, … On en revient à Darwin : l’évolution humaine ne rend pas l’homo-sapiens plus évolué que ces amibes si mignons.
vincy
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