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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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EN PESANTEUR
"Merci d’exister."
C’est l’été, il fait beau et chaud, la sueur perle sur la peau, les corps se frôlent et se dénudent. Deux jeunes filles très différentes (physiquement comme en termes de personnalité et d’origine sociale) se rencontrent et connaissent une passion fulgurante. Alanté Kavaïté filme ses héroïnes dans des plans très rapprochés, captant des morceaux de peau nue, des regards, des sourires. Devant sa caméra, le soleil envahit tout de sa lumière dorée et sensuelle. La démarche est volontairement arty, recherchée, parfois maniérée. La mise en scène, magnifiée, crée une atmosphère stylisée où la musique et les corps occupent tout l’espace. Au départ, c’est beau et élégant. Mais rapidement, c’est au détriment de l’intrigue.
Alors, Summer vacille : peut-être parce qu’il s’éloigne en cours de route de la romance estivale qu’il laissait envisager au départ, peut-être parce que ses choix formels tombent peu à peu dans la démonstration, il finit par donner l’impression d’une jolie coquille vide. Même la manière dont l’intrigue bifurque dans la dernière partie paraît artificielle, presque saugrenue. On sent confusément qu’en prolongeant l’initiation amoureuse par un apprentissage qui aide l’une des héroïnes à surmonter son handicap, la réalisatrice cherche à parler des peurs et des vertiges qui empêchent d’avancer et de vivre, ainsi que de la manière dont deux êtres peuvent apprendre à se comprendre et se faire confiance. Pourtant, cela demeure ténu, maladroit, presque subliminal.
Reste la relation singulière qui se tisse entre les deux jeunes filles, et qui a le mérite d’être la première relation homosexuelle à figurer au centre d’un film lituanien (pays encore rigoriste et conservateur sur les questions de mœurs). Elle est portée avec beaucoup de spontanéité par la troublante Julija Steponaityte dont le regard insondable bouleverse. Face à elle, Aistė Diržiūtė semble considérablement moins naturelle, mais apporte une vraie fantaisie à cette histoire d’amour assez sage. A défaut de figurer dans un grand film, les deux actrices forment ensemble un beau couple de cinéma, entre pesanteur formelle et voltige émotionnelle.
MpM
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