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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Umrika
Inde / 2015
29.07.2015
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LE FRÈRE PRÉFÉRÉ
« Tout est mieux en Amérique ! »
L’Inde dans les années 80 (principalement) n’était pas encore la puissance émergente qu’on nous filme ces derniers temps, de Slumdog Millionaire (version Hollywood) au récent Masaan (version cinéma occidentalisé). L’Inde avait tout d’un pays du tiers-monde, fasciné à l’époque par le modernisme américain et les étranges coutumes de cette civilisation lointaine. Une Inde scindée entre sa ruralité presque médiévale et ses métropoles surpeuplées par ses immigrants venus des campagnes. Umrika se voit avant tout comme le portrait de ce pays-continent, tel qu’on peut l’imaginer (corruption, mafia, débrouille) et tel qu’il se vivait (communauté, famille, traditions).
Mais il s’agit bien d’un mélo, avec ses impossibilités amoureuses, ses destins contrariés, ses mensonges à quiproquos, ses compromis qui peuvent provoquer le danger ou ses honneurs qui deviennent des dettes insurmontables. Dans cette Inde en mutation, où l’Amérique est encore vue comme un mirage où tout est possible, la réalité est parfois dure et cruelle. Il y a d’un côté les hot-dogs qui apparaissent étranges pour des végétariens et les bouses de vache qu’on plaque sur les murs pour les isoler, l’électroménager qui facilite la vie et l’illettrisme qui empêche de lire le courrier.
En prenant comme point de départ une famille issue d’un village indien, en laissant son histoire filer le temps à travers les années, le réalisateur Prashant Nair reste dans un schéma classique d’un récit d’émancipation : l’arrivée dans la grande ville, la confrontation à l’âge adulte de Ramakant (Surja Sharma, toujours aussi cinégénique depuis L’odyssée de Pi), les dilemmes entre le bien et le mal, sa propre vie et ses devoirs filiaux.
Certes, le film aborde trop de sujets, s’aventurent dans trop de genres. Il y a du Good Bye Lenin dans la fabrication d’une Amérique virtuelle que l’on vend à la mère à travers des lettres illustrées. Certains personnages secondaires sont parfois trop peu approfondis. Quelques langueurs pèsent sur un rythme pourtant bien soutenu. Ce qui fait d’Umrika un « feel-good-movie » est sans doute qu’il suit les bonnes voies et que nous accompagnons, en toute empathie, ce jeune Indien vers son but, échappant à tous les pièges, sans que jamais il ne soit héroïque. Car il s’agit bien de prendre en main sa vie et se détacher des contingences imposées. Ne pas suivre les pas de son frère, ne pas se laisser dicter son chemin par les rêves des autres.
Malgré les aléas tragiques de la vie, les mystifications qui pourraient détruire la famille, le mélo, étrangement amoral, suit son cours vers une finalité logique et compassionnelle. Où chacun trouve sa place. Sans être un grand film, la fable est plaisante, agréable, divertissante.
Ponctuellement, pour signifier que le temps passe, l’actualité est là pour témoigner : Challenger qui explose, Gandhi enterrée, Gorbatchev et Reagan se faisant la bise, ou encore ce deuxième Indiana Jones qui caricature les Indiens (clin d’œil ironique assez réjouissant). La grande Histoire semble lointaine quand tous ces petites gens cherchent une vie meilleure. Mais elle les fascine comme on est captivé par une belle légende.
Cela aurait pu aller plus loin, démontrer que sa liberté individuelle valait tous les événements mondiaux, que ses rêves n’étaient pas moins beaux que les fantasmes des autres. Reste qu’Umrika est un drame sentimental touchant, où chacun paye sa dette pour que les enfants aient une vie meilleure que celle à laquelle ils étaient promis. Mais c’est bien dans la folie obsessionnelle de la mère que réside tout le drame : les deux fils, finalement, trouvent un subterfuge pour la rassurer et l’apaiser, tout en assumant leur désir de la fuir, pour vivre un amour inacceptable ou une ambition démesurée. Pas surprenant que l’épilogue se termine sur le regard et le sourire de cette femme pour qui l’Umrika était le salut de sa famille, au point d’entraîner ses fils dans un périlleux voyage. Qui finit presque bien, heureusement.
vincy
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