Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La nina de fuego (Magical Girl)


Espagne / 2014

12.08.2015
 



BEAUTÉ DANGEREUSE





« - Raconte-nous, qu’on rigole ensemble.
- J’imagine la tête que ferais si je balançais le bébé par la fenêtre.
»

La nina de fuego peut-être vu comme le portrait d’une femme dérangée qui conduit tout le monde aux enfers. A trop jouer avec le feu, on se brûle. Ce thriller psychologique espagnol de Carlos Vermut ménage davantage son atmosphère que son suspens et sa tension dramatique. En optant pour le mystère et les non-dits, le film, une histoire de chantage et de manipulation au final, marque les esprits par son cadre froid et son esthétique atemporelle.

Si le suspens s’avère plutôt frustrant, on reste intrigué tout au long du récit par ce qu’il peut advenir. Dans cette interdépendance entre Barbara, son mari psychiatre, un amant accidentel (et père d’une fille malade), un ex-prisonnier (dont elle est responsable de l’incarcération) et une femme lesbienne au job sulfureux, le scénario nous emmène dans un dédale où chaque décor semble une forteresse. Chacun des appartements, mais aussi la résidence du client mystérieux de Barbara, isole les individus dans leur malheur ou leur détresse.

Malgré son titre, La nina de fuego est presque dépressif. A chaque étape, on franchit un palier, qui enfonce les personnages vers une impasse. On ne saura rien des atrocités que Barbara a du subir pour payer son maître-chanteur, et ainsi sauver son couple. On imagine. C’est toute la beauté du suggestif. Et l’élégance du film. C’est sulfureux sans l’être, noir, mais avec une distance salutaire, dangereux, sans qu’on soit accroché à notre fauteuil. Il y a quelque chose de glaçant dans ce jeu de billard (simple) qui finira mal. Tout ça à cause d’une nausée et d’une robe d’héroïne manga.
Dans ce monde de souffrances et de solitudes, où chacun paraît piégé par l’autre, il n’y a pas d’issue possible. Pourtant le scénario se perd parfois en privilégiant son style plutôt que le souffle dramaturgique. La violence apparaît, du coup, très déshumanisée, alors, qu’a contrario, personne n’est vraiment mauvais. Mais chacun des actes va pousser au crime ultime. Un polar, sans flic, où c’est le psyché qui domine, où la passion mène au calcul.

C’est inattendu, singulier, imprévisible. Mais sans doute manque-t-il justement une forme d’humanité, qu’il y avait au début du film. En basculant dans un registre de film de genre, Carlos Vermut a su créer une ambiance cinématographique, avec son format scope et ce vide omniprésent. Mais ce minimalisme inhabité empêche d’avoir une forme d’empathie vis-à-vis des personnages. Au mieux, ils sont pitoyables. En ne se fixant pas sur Barbara, qui disparaît presque du film dans le dernier tiers, le cinéaste a pris le risque de déséquilibrer son scénario au profit d’une tension plus convenue entre deux hommes. Il faut attendre l’ultime plan pour que le machiavélisme produise son effet, sans vraiment nous satisfaire pleinement. Le twist est réjouissant. Mais il laisse un goût un peu étrange. Le spectateur se retrouve lui aussi un peu manipulé par un artifice d’écriture (certes bien filmé) qui renvoie le film à un exercice de style plutôt que de l’interpeller sur l’immoralité profonde de son histoire.
 
vincy

 
 
 
 

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