Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 25

 
Miss Hokusai (Sarusuberi: Miss Hokusai)


Japon / 2015

02.09.2015
 



VAGUE À L’ÂME





"L’excès de talent peut se révéler problématique."

Inspiré du manga Sarusuberi de la mangaka Hinako Sugiura, Miss Hokusai dresse par petites touches le portrait d’ O-Ei, la fille du peintre Hokusai, dont on sait en réalité peu de choses. Ambivalente, avec son air mélancolique et sa brusquerie, son audace et sa sensibilité exacerbée, la jeune femme permet au film de déambuler dans le Japon de l’ère EDO, de côtoyer le milieu artistique de l’époque et bien sûr de capter à grands traits la personnalité d’Hokusai lui-même.

Sans réelle intrigue, souffrant parfois même de moments de creux, le récit privilégie une chronique picturale déliée qui oscille entre humour et poésie, fantastique et réalisme, observation sociale et intimité familiale. Cette succession libre de saynètes variées laisse libre cours à l’imagination créative de Keiichi Hara qui, inspiré par son modèle, multiplie les plans en forme d’estampes et anime avec délicatesse de véritables tableaux qui sont autant de références au travail d’Hokusai. L’incontournable "vague", célèbre dans le monde entier, est bien évidemment de la partie, de même que les animaux de toutes sortes, les paysages éthérés ou spectaculaires, les monstres, dragons et autres esprits qui hantant l’œuvre foisonnante du peintre.

Cette recherche formelle est aussi l’occasion pour le réalisateur de reconstituer le Japon de l’ère EDO avec ses rites, ses lieux très codifiés et ses légendes. Aux côtés d’O-Ei et de son père, on découvre ainsi l’univers des geishas et des tavernes, les temples sacrés, les rues animées de la ville, les intérieurs bourgeois et les quartiers mal famés. Tout un monde coloré et luxuriant s’offre alors au regard en même temps que des anecdotes tour à tour joyeuses et dramatiques, ironiques et cruelles.

En filigrane, Miss Hokusai dit la difficulté à être une femme libre et une artiste à part entière au début du XIXe siècle, au Japon comme ailleurs. Avec beaucoup de pudeur, le film dévoile ses contradictions intimes et ses désirs inconciliables, ainsi que son incroyable modernité dans une époque extrêmement corsetée et sévère. Malgré l’aspect parfois inégal du récit, on s’attache à ce personnage qui ne répond pas aux stéréotypes habituels des films d’animation, aussi bien physiquement qu’en terme de personnalité, parce qu’elle ne cherche nullement à être toujours aimable ou spirituelle, mais existe pour elle-même, sans le regard de personne. Belle revanche pour cette peintre oubliée, noyée dans l’immense renommée de son père, que d’être l’héroïne incontestable de cette chronique poétique en forme de déclaration d’amour conjointe à la peinture et à l’animation.
 
MpM

 
 
 
 

haut