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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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A Long Way Down (Up & Down)
Royaume Uni / 2014
30.09.2015 (Festival de Dinard)
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QUATRE TS ET UN ENTERREMENT
« - Quel est le jour où les gens se suicident le plus, hormis le 31 décembre ?
- La Saint-Valentin. »
Pascal Chaumeil s’aventure sur le terrain de l’humour anglais. Périlleux a priori. Mais le cinéaste de L’Arnacoeur aime la comédie anglo-saxonne : romantique, aventurière ou ici noire. En adaptant un roman de Nick Hornby, dont l’humour anglais aussi caustique que délicieux, se moquant comme toujours des névroses de l’homme contemporain avec une dérision toujours de bon goût, Chaumeil continue de vouloir étudier - avec le rire, une certaine élégance, des variations mélancoliques et quelques vieux artifices de cinéma - la domination entre les classes sociales et une opposition des sexes qui virent souvent à la bataille.
De la part d’un cinéaste français, c’est assez rare. Rappeneau en reste le maître, aux côtés de Veber dans un registre plus vaudevillesque et « buddy movie ». Dès la première séquence, on comprend que A Long Way Down va s’amuser à détourner les attentes, même si la voie empruntée par la suite est plus convenue. Quatre personnes se retrouvent sur le même toit pour tenter de se suicider. Cela n’a a priori rien de drôle. Mais tout vire au gag. Ce collectif de losers va évidemment rater l’objectif de chacun. Le quatuor de désespérés ne parviendra pas à mettre fin à leurs jours en cette Saint-Sylvestre.
Les personnages sont pittoresques, et tous bien campés par Brosnan, Collette, Paul et Poots. De quoi sceller une amitié singulière sur des fondations paradoxales. Leur vie n’avait plus beaucoup de sens, ils vont essayer d’en trouver un entre un club de vacances et un hôpital.
La fable est jolie et les dialogues ciselés comme de la dentelle. Burlesque et sophistiquée, la comédie est parfois grinçante sur l’époque. Mais cela ne suffit pas à maintenir l’attention, à moins d’avoir le génie des anciens (Wilder, Hawks & co). Aussi il faut un drame existentiel, pas loin d’une tragédie personnelle, pour que le film ne soit pas qu’une simple comédie ironique. La solitude et le pathos s’invitent dans la partie, quitte à laisser sur le bord de la route quelques détails, pour garder le tempo et nous conduire vers un happy end.
Cela rend le dernier tiers un peu plus bancal et moins singulier. En finissant sur le mélo, Chaumeil s’essaie à un mélange de genres plutôt inhabituel par rapport à ses deux premiers films, même si la solitude des êtres (et leur arrogance) demeurent le fil conducteur de sa filmographie. Ici la fin est peut-être trop simple et manque sans doute de l’humour du reste du film. Trop sentimentaliste sans doute. Mais efficace, assurément. Les hauts et les bas de la vie permettent finalement d’amortir la chute inexorable de chacun. Comme à chaque fois, l’empathie que le cinéaste éprouve pour ses personnages nous permettent de mieux supporter leur détresse. Avec un zest d’humour anglais et de sarcasme, il s'offre aussi un peu de distance face à la cruauté de l’existence.
vincy
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