Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La volante


France / 2015

02.09.2015
 



LE DIABLE SE CACHE DANS LA MÉDAILLE





«- Vous connaissez tout de ma vie et je ne sais rien de la vôtre.»

La Volante c’est elle, Nathalie Baye, dans un rôle qu’elle a rarement joué : la méchante, la mère de tous les dangers. Dans ce thriller relativement haletant de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri, Baye attire toute l’attention. Le sourire énigmatique et glaçant, le regard traversé par ses arrières pensées violentes et machiavéliques, l’allure d’une femme bien sous tous rapports : c’est la tueuse, folle, possédée et possessive, capable de tout, surtout du pire. Le pire n’est d’ailleurs pas forcément de tuer tous les obstacles qui l’empêchent de parvenir à ses fins dans sa machination malade, mais bien la manipulation programmée qu’elle imagine pour assouvir sa vengeance.

Tout part d’un accident. Tandis que Thomas conduit Audrey à la maternité pour le plus beau jour de leur vie, la voiture percute un jeune homme, devant un bar ironiquement nommé « Le sans souci ». Le jeune homme meurt. Le conducteur va être arrêté. Mais en coulisses, la mère du jeune défunt perd la tête.

Neuf ans plus tard, la mère est engagée comme secrétaire intérimaire pour les besoins de Thomas. De là démarre l’engrenage. Car tout est calculé. Elle gagne la confiance du patron mais devient aussi sa roue de secours dans une vie privée devenue compliquée. La perversion n’aura pas de limites : elle s’installe dans sa vie.

Le film est intriguant et très convaincant durant les trois quarts de son récit. Parce que Nathalie Baye, véritable Sphinx inquiétante, psychopathe, flippant, nous emmène dans les limbes de son esprit tordu, entre bonnes apparences et intentions cachées, avec une justesse qui écrase le reste du casting : les mâles semblent faibles et naïfs (ce qui lui facilite la tâche). Seuls deux personnages doutent, intuitivement : l’épouse de Thomas et leur fils. Mais c’est là que le scénario, qui n’a rien à envier aux bons suspens hollywoodiens, atteint aussi sa limite.
Quelques incohérences, des petits soucis de plausibilité sur la fin, diluent l’intensité dramatique de la première partie. Sur le chapitre final, La volante devient banalement un suspens psychologique à l’américaine, aussi convenu qu’attendu. Le suspens psychologique avait de quoi nous captiver. Le règlement de comptes nous laisse un peu de marbre. Mais il ne s’agit pas de bouder son plaisir. Les décors, les rapports humains, la manière dont l’étau se resserre sont autant d’atouts pour nous happer dans cette spirale infernale qui emploie tous les codes du genre, jusqu’à la grande maison isolée en pleine forêt. On aurait aimé sans doute un peu plus de « rab ». Mais les cinéastes ont préféré une version « romanesque » à un regard clinique sur leur histoire.

"Serial Mother" sans humour mais avec beaucoup de charme, Nathalie Baye est la garce idéale, la marâtre sans morale, qui justifient ses châtiments par le crime qu’elle a subit : la perte de son fils, qu’elle dévore (de baisers) sur son lit de mort. Un personnage féminin de cette trempe est suffisamment rare dans le cinéma français, qui plus est dans le cinéma de genre souvent mal traité en France, pour que ce soit souligné et soutenu.
 
vincy

 
 
 
 

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