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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Insoumis (Corbo)
Canada / 2014
02.09.2015
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ENGRENAGES
«On est des militants, pas des meurtiers. »
Insoumis a au moins un premier mérite : celui de faire revivre (et découvrir) un pan entier de l’histoire québécoise méconnue, lorsque le Front de libération du Québec, dans les années 60, a commencé à se livrer à une guérilla terroriste pour que la Belle province accède à l’indépendance.
L’autre mérite de ce film, de facture très classique, c’est de mettre l’accent sur les conséquences de l’engagement. Un choix n’est jamais anodin. La fin justifie-t-elle les moyens : le scénario est écrit comme une sorte de dissertation posée lors d’un examen de philosophie. Entre responsabilité et conscience, émancipation et doutes, Insoumis déroule de manière didactique et sans emphase particulière un feuilleton historique doté de gros moyens.
Ainsi la narration binaire – débats / dialogues explicatifs entre partisans, une nouvelle famille, et dialectique entre différentes opinions dans la famille de sang – étouffe toute ambition de mêler le souffle historique à son chaos humain. Trop bavard, trop écrit, le film est pétrifié dans une mise en scène aplatie et consensuelle. Il n’y a que le portrait intime de l’adolescent tourmenté qui s’inscrit dans notre mémoire. Frustré, enragé, idéaliste, têtu, piégé entre ses devoirs, il incarne à lui seul toutes les contradictions de l’époque, ses combats comme ses aspirations. Le fait qu’il soit adolescent ajoute à l’illustration du révolution impréparée, immature et inachevée. Pas étonnant d’ailleurs que dans le registre de la colère, l’acteur Anthony Therrien soit moins convaincant. Son manque de charisme dans ces scènes là affaiblit le film, incontestablement. Il est bien plus intéressant lorsqu’il joue l’homme troublé.
Certes c’est politiquement et historiquement très bien documenté. Certes, la tragédie sacrificielle et réelle amène l’émotion nécessaire pour nous toucher. Mais on est loin des grands films comme Octobre (il y a 20 ans) de Pierre Falardeau sur le sujet. D’autant que le final n’en finit plus et que la morale refuse de prendre partie (alors que l’Histoire a choisi son camp). L’espoir d’un Québec souverain fait vivre. Mais il manque un regard plus appuyé, plus subjectif, quitte à être plus controversé, pour nous emballer.
Un peu lourd, inutilement grandiloquent, délité et étiré, Insoumis manque de nerf. Reste une certaine tension, une belle musique et un pan d’histoire fascinant, qui permettent de ne pas trop s’ennuyer.
vincy
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