Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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L'oracle


USA / 2015

16.09.2015
 



ENTRE DEVINS





Que faut-il penser de Martin Armstrong, ancien conseiller financier extrêmement riche qui prétend avoir mis au point un modèle informatique complexe capable de prédire avec précision les fluctuations de l’économie mondiale ? Le documentaire que lui consacrent Marcus Vetter et Karin Steinberger dresse de l’homme un portrait laudateur, si ce n’est dithyrambique, étayé par de nombreux témoignages de proches et collaborateurs allant tous dans le même sens. On aurait donc affaire à un génie des chiffres et des modèles mathématiques, un véritable "oracle" économique qui aurait prévu les pics vertigineux et les chutes folles de la Bourse ces trente dernières années (chute du dollar en 1986, Krach en Russie en 1998, crise de la dette des états en 2009, etc.). A toutes fins utiles, il annonce le Krach des dettes d’état pour le 1er octobre prochain, ce qui devrait permettre d’être fixé assez rapidement sur sa clairvoyance.

Il ne faut hélas pas compter sur les réalisateurs pour faire preuve d’un véritable esprit critique à l’égard de leur sujet. Restant à la surface des faits, L’oracle raconte le destin d’Armstrong de son point de vue et de celui de ses proches, sans mener de contre-enquête sur la question la plus brûlante (et de fait, le plus frustrante du film) : la fameuse formule basée sur le nombre pi qui est censée permettre de modéliser les cycles économiques mondiaux, et qui, selon Armstrong lui-même, est suffisamment courte pour être retenue de tête. Or, on aurait aimé a minima quelques témoignages d’experts informatiques et/ou mathématiques expliquant si le fait est théoriquement possible, ou de chercheurs économiques ayant fait des recherches sur cette question des cycles.

Par ailleurs, il faut avouer que tout le processus judiciaire auquel Armstrong a été soumis (accusé d’escroquerie puis gardé sept ans en détention pour "outrage", au mépris de la loi américaine) fait peser sur le film une once de méfiance. On se demande à plusieurs reprises si le but poursuivi est de témoigner objectivement ou de réhabiliter Martin Armstrong à bon compte. A ce titre, les choix sensationnalistes des réalisateurs dans la construction du récit et la présentation des faits mettent mal à l’aise. Visiblement subjugués par l’histoire (il est vrai édifiante) de leur personnage, Marcus Vetter et Karin Steinberger lorgnent ouvertement du côté du thriller et se laissent entraîner par un lyrisme qui décrédibilise le récit. A chaque moment clé du film, il manque un contre-point pour éclairer les propos d’Armstrong, ou les mettre en perspective. Ce qui, quelle que soit la vérité, dessert aussi bien le propos que le personnage.

Finalement, à l’image d’un article du New Yorker datant de 2009, le spectateur passe tout le film à se demander si Martin Armstrong est "un escroc, un excentrique, ou un génie". La seule chose qui soit sûre, c’est que cinématographiquement parlant, il ferait un héros de fiction très convaincant, et bien plus efficace. Incarné par un acteur de la trempe de Kevin Spacey, il permettrait au spectateur de se passionner pour ses aventures sans avoir besoin de réfléchir à la vraisemblance des faits
 
MpM

 
 
 
 

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