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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le Prodige (Pawn Sacrifice)
USA / 2015
16.09.2015
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FISHER KING
Je veux jouer contre les Russes, ce sont les meilleurs au monde et je vais les battre!
Edward Zwick ouvre son bal avec les images d'archives des informations télévisées. Nous sommes en 1972 en pleine guerre froide et le monde entier a les yeux rivés sur Bobby Fischer (Tobey Maguire, qui renoue magistralement avec ses personnages torturés pré-Spider-Man) et Boris Spassky (Liev Schreiber, impressionnant et méconnaissable) qui s'apprêtent à s'affronter... aux échecs! La guerre (médiatique, psychologique) prend place autour d'un échiquier. Si l'engouement planétaire à cette époque n'a pas d'équivalence aujourd'hui , la fébrilité mentale de ce duo n'en est pas moins alléchante à l'écran.
Raconter Fischer qui n'a vécu que pour les échecs depuis son enfance était un pari difficile. Le scénario, brillant, a longtemps dormi dans les tiroirs, et classifié dans la liste noire des excellents scripts jamais produits.
Qui s'intéresse (ou même joue de manière régulière) aux échecs pour voir un film qui n'évoque que cela? Avec un certain talent, Zwick sait nous garder en captivité, comme il avait su rendre romanesque et palpitante une histoire de guerre de sécession assez intimiste (Glory). Fou, comme presque possédé, Maguire incarne avec brio les épisodes psychotiques de son personnage (il nageait en pleine paranoïa en pensant que les Russes et les Juifs l'avaient mis sur écoute et voulaient le tuer, se sentant trahi lorsque ses exigences n'étaient pas assouvies). Il nous happe du regard et nous avale tout cru avec ses rétines.
Avec Peter Sarsgaard en prêtre ironique et Liev Schreiber en rival intrigué, la tension est rapidement à son comble.
Avec ce cocktail explosif de testostérone, il nous en fallait pas moins pour être maintenu en haleine. Quoique? Edward Zwick filme son œuvre tel un combat où les pions ont remplacé les bombes et où les tranchées sont le reflet de notre propre subconscient (celui de Fischer entre autre). En osmose avec ses acteurs puissants, le réalisateur augmente le stress, tout en faisant sombrer à la même vitesse son héros, qui finira par perdre la raison afin de démolir son adversaire. C'est un film de guerre où le cerveau est aux commandes et le jeu d'échecs un terrain de guerre.
Que l'on soit un joueur d'échecs hors pair ou un novice en la matière, on sort du film tremblotant, les larmes aux yeux et satisfait d'avoir suivi un match hors-pair. Ce n'est pas le film du siècle mais ça vaut pas mal de blockbusters avec effets spectaculaires. Cynthia
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