Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Boomerang


France / 2015

23.09.2015
 



ELLE S’APPELAIT CLARISSE

Le livre Bye Bye Bahia



«- Si tu t’inventes pas une angoisse à la minute, tu t’ennuies, c’est ça ? »

Tout commence avec un accident. Le prologue est dramatique et donne le ton à un thriller dont le suspens tient dans la révélation d’un secret familial, levant ainsi de multiples tabous pesants. De mensonges en souvenirs qui ressurgissent, le scénario de Boomerang est suffisamment efficace pour nous emmener dans cette spirale infernale et relativement monstrueuse psychologiquement.

Si le film de François Favrat restitue parfaitement l’asphyxie qu’éprouvent les personnages piégés par le fantôme d’une femme morte il y a trente ans dans des conditions mystérieuses, on ne peut que regretter qu’il n’est pas été plus inspiré pour jouer avec l’atmosphère inquiétante du livre de Tatiana de Rosnay ou même la géographie fascinante des lieux – l’île de Noirmoutier et son passage du Gois, submersible par temps de marée.

Cela aurait conféré au film un rendu plus cinématographique et moins classique. Boomerang, en se reposant trop sur la technique précise de son récit et le jeu sans accrocs de ses comédiens, tarde à nous happer réellement dans cette enquête familiale.

Les silences sont parfois empoisonnants. Et quand les vérités (au pluriel, de fait) éclateront, les enfants pourront se déchaîner : soit retirer leurs chaînes qui les liaient au père, à la mère, à la grand-mère, tout en exprimant leur colère.

Réveiller les morts comporte toujours sa dose de risque. Favrat, comme dans Le rôle de sa vie, aime ces histoires presque perverses où les rapports sont complexes et surtout où les tourmentés et ténébreux, ces mutiques handicapés sociaux, ont le droit à la lumière et à leur victoire sur les « dominants ». Quand la parole commence à se libérer, bien plus crédible que les flashs d’une mémoire capricieuse, le film prend un peu plus d’ampleur.

Ainsi, la séquence de Noël offre une très belle tranche de vie, entre révélation induite, cadeau vicieux, engueulade sanguine, et point de non retour. Sans doute la cruauté de la scène élève le film un cran au dessus de ce que nous avions vu jusqu’à présent. Le réalisateur semble alors déployer ses ailes, certes tardivement, et livre quelques plans plus inspirés, comme cette vieille Citroën qui « surfe » sur l’eau. Enfin, les monstres à découvert, il profite d’un enterrement (les mines qui vont avec) pour enclencher une catharsis salvatrice. La note finale est touchante. La situation s’est renversée. Le frère a découvert la vérité. Mais c’est la sœur qui plaidera, accusera.

Comme un boomerang, le passé frappera violemment la conscience et la réputation des coupables. On comprend l’intérêt d’adapter le roman au cinéma tant l’histoire est hitchcockienne. C’est juste regrettable que François Favrat n’ait pas eut envie d’aller jusqu’au bout dans son désir de réaliser un film de genre, plus ambivalent.
 
vincy

 
 
 
 

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