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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les rois du monde
France / 2015
23.09.2015
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L’AMOUR FOU
« Plus je les aime, plus je leur fait peur ».
Pour son premier film le metteur en scène de théâtre Laurent Laffargue a choisi une tragédie grecque en forme de western landais, le tout écrasé par le soleil et les passions. L’été est toujours meurtrier même quand il est en pente douce. Les rois du monde, pourtant, ne convainc jamais vraiment le spectateur. Soit qu’il apparaît un peu daté dans la forme, soit qu’il est semble facilement outrancier.
Il y a un déséquilibre dès les principes de base du film : la fille convoitée est trop jeune pour les deux mâles quinquas, poilus et virils, les sentiments éprouvés ont des airs de déjà vus et ne révèlent au final que très peu de surprises, le combat de taureaux n’est jamais vraiment mis en place avant le dernier quart du lent métrage, préférant le « bandit » au « shérif ».
Difficile alors de ressentir une tension croissante entre les deux mâles. Autant Sergi Lopez, dès sa première scène, impose sa démence, sa furie, son imprévisibilité. Autant Eric Cantona est cantonné à son rôle de commerçant sage et moraliste. Mais leur duel est si peu construit (hormis deux séquences au milieu du film) que la confrontation apparaît vaine. On sait d’avance comment tout cela finira. Dans le sang.
Mais avant d’en arriver au carnage final, Laffargue se perd entre un très beau portrait de femme (Céline Sallette, parfaite de justesse en proie écartelée entre ses deux princes pas si charmants), la vie quotidienne et ennuyeuse d’un village, les chroniques de l’ivresse ordinaire d’un homme possessif, les atermoiements des uns et des autres, avec leurs médiateurs un peu figurants.
Trop belle pour eux, Chantal (Sallette) est traitée comme une femme soumise, hésitante, incapable de faire un choix de vie (et donc d’homme). Elle livre un spectacle fabuleux quand elle est en solo. Dès qu’elle est avec l’ex ou avec l’actuel, sa beauté se fane comme son personnage se vide d’intérêt. Trop cliché. Elle apparaît du coup comme responsable de la folie des hommes (trop facile) et coupable de cette corrida finale atroce. Elle termine d’ailleurs allongée sur le sol, comme eux, alors qu’elle, au moins, a encore un avenir.
La femme tentatrice malgré elle, seul objet du désir, le poison qui contamine les hommes les plus robustes. Et à ses côtés deux comédiens qui reprennent des rôles attendus dans leur registre, à mesurer celui qui pissera le plus loin. Il y a comme un arrière goût un peu rance. Quelque chose de désuet dans la manière d’aborder la complexité des relations humaines, de l’égalité des sexes.
La folie est démesurée, les névroses à vif. On sent bien le théâtre de l’histoire, même s’il y a quelques moments de cinéma. C’est bien la mise en place des uns et des autres qui compte plus que l’image, le son, le mouvement. Est-ce par hasard que Chantal est professeur amateur de théâtre, son ancien rêve abandonné ? D’Othello à Tartuffe, en passant par Jouvet, es textes sont clamés. Mais ici, romantique ou dramatique, le récit s’embourbe dans des divagations soporifiques et des dialogues stéréotypés.
Il faut en fait regarder ailleurs : du côté de la jeunesse de Casteljaloux. Celle qui joue sur les planches, qui se drogue, s’embrasse, boit, s’offre des virées à scooters. Cette jeunesse amoureuse, vulnérable, aspirant à fuir le village. Quand il filme les jeunes, Laffargue est bien plus inspiré. Le contraste est si saisissant que le trio en devient factice et désespérément inintéressant.
Les Rois du monde ce sont finalement ceux qui rêvent encore, qui sont en quête de liberté. Apologie du déclin masculin, le film n’est pas tendre avec ce pouvoir patriarcal qui cherche à emprisonner les femmes. C’est maladroitement signifié (ce qui accentue l’inutilité de nombreux bavardages). Ouvertement caricatural. Et tout ce rouge omniprésent appuie grossièrement ce que nous avions déjà compris : la corrida se terminera par un tour de piste assez gore. Les taureaux et le rouge ne font jamais bon ménage.
vincy
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