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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Visit
USA / 2015
07.10.2015
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PHÉNOMÈNES ET AUTRES SIGNES
"La semaine s'annonce bien."
Potache et léger, The Visit signe le retour modeste de M. Night Shyamalan, autrefois auteur inspiré de films de genre ambitieux et monumentaux. Comme s'il avait envie d'ajouter sa touche à la longue liste des films d'horreur à petits budgets découverts ces dernières années, le cinéaste imagine le dispositif d'un film amateur réalisé au fur et à mesure de l'intrigue par les deux protagonistes du récit. L'utilisation de deux caméras distinctes permet de traduire à l'écran le point de vue de chacun, apportant une certaine profondeur à ce pseudo documentaire familial. En effet, comme dans n'importe quelle émission de télé-réalité, le film multiplie les scènes de confessions et de témoignages face caméra, qui mettent au jour les failles des différents personnages, héros compris.
Forcément à l'aise avec les codes du genre, Shyamalan fait des références explicites à Paranormal activity dont il se moque gentiment, et joue avec les nerfs du spectateur en introduisant chaque nuit le doute sur la nature des faits se déroulant dans la vaste demeure où séjournent les deux adolescents et leurs grands-parents. Plus que des scènes destinées à faire vraiment peur à un public aguerri, le cinéaste propose en filigrane une réflexion sur le cinéma, son pouvoir de suggestion et l'attraction qu'il exerce sur les êtres. Il ironise notamment sur le discours formaté de l'industrie, en recherche de "moments cinématographiques" et d'émotions faciles. Mais la manipulation, bien sûr, n'est pas seulement là où on le pense.
Avec une certaine fraîcheur, voire un peu de naïveté, Shyamalan installe ainsi une ambiance décalée et sans prétention à l'intérieur de laquelle
surgissent des événements de plus en plus bizarres qui n'inquiètent pourtant pas outre-mesure les personnages, plus occupés à régler leurs problèmes familiaux. Hélas, lorsqu'enfin le twist final dramatise un peu la situation, le film s'engouffre dans une voie beaucoup plus banale de terreur et d'auto-défense. Même si l'on apprécie la vague de violence qui saisit certains des protagonistes (pied de nez amusant au spectateur), on est atterré par le happy-end en forme de rédemption et d'apologie mièvre de la famille.
Jusque-là, on laissait à Shyamalan le bénéfice du doute, mais la fin de The Visit apparaît si bâclée qu'il donne l'impression de ne pas seulement se moquer des films d'horreur "cheap", du cinéma et de lui-même, mais aussi un peu du spectateur.
MpM
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